lundi, février 27, 2006

Sud et Centre Laos

Savannaketh, 27 Fevrier

Premier jour au Laos, et la premiere impression qui se degage de la ville ou je suis arrive hier en fin d'apres-midi, Savannaketh, est la serenite. Peu de circulation, pas de harcelement d'aucune sorte et des gens qui vous disent bonjour en lao (sabai dii) et en souriant. Cette ville de 125 000 habitants n'est separee de la Thailande que par le Mekong, un peu en amont de la ville de Kratie (Cambodge) ou j'avais pose mon baluchon il y a quelques semaines. Non loin du quai qui, toute la journee, voit debarquer de nombreux thais venus faire leurs courses ou traiter quelques affaires, se dresse le vieux quartier avec ses maisons decrepies de style colonial, triste temoignage d'un passe encore recent. Avec le Cambodge, le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine, le Laos appartenait en effet a ce vaste territoire que l'on appelait l'Indochine.

Qu'il est bon de flaner dans ces rues plutot larges en regard de la circulation en essayant de s'imaginer quelle put etre la vie trepidante avant l'independance de ce pays et le depart definitif des colons en 1953. Ici on reconnait l'entree imposante de ce qui devait etre sans aucun doute un cinema, un vaste edifice aux portes desormais closes, dote d'un petit guichet sur le cote. A present, du linge seche sur des cordes tendues en travers des colonnes et quelques fauteuils de cuir rouge eventres doivent servir de trampoline depuis au moins 2 generations aux gamins du quartier ...

Demain, je pars dans le Sud du pays afin d'essayer d'y retrouver Jeff, rencontre au Cambodge mi-Janvier. Depart donc pour Pakse puis pour la region de Si Phan Don ("les 4000 iles"). En effet, cette region regorge de petites iles perdues au milieu du Mekong qui, a cet endroit et pendant la saison des pluies, ne mesure pas moins de 14 km d'une rive a l'autre. C'est d'ailleurs ici que le fleuve atteint sa plus grande largeur, parmi les 4350 km de son cours. La-bas il n'y a rien ou pas grand chose, meme pas l'electricite, du moins elle doit etre en cours d'installation. Les habitants y vivent en autarcie grace a leur propre production : riz, canne a sucre, legumes et noix de coco, ajoutons a cela le tissage et bien entendu la peche.

La-bas, je crois que je me sentirai vraiment au Laos, le pays ou "les habitants ecoutent pousser le riz" ....

Je vous avais deja parle de Jeff et de ses photos superbes, alors meme si celles-ci font passer les miennes pour des photos de calendrier des P&T, profitez-en et mettez-vous en plein les yeux :
http://www.errances-nomades.blogspot.com/

Momo, j'ai comme l'impression qu'une des photos ci-dessous va t'evoquer quelques souvenirs ...




Pakse, 8 Mars - Journee de la femme

J'aurais pu appeler ce nouveau post "on est bien chez Mr Vong", ou encore "retour sur Terre", ou encore "j'ai connu le paradis" ...

Me voici de retour des iles apres 1 semaine de pur bonheur. Apres 3h30 de bus de Pakse a Ban Na Kasang et 20 minutes de bateau pour acceder a Don Det, une des iles situees le plus au sud, puis encore une petite heure de crapahute, j'ai pose mon baluchon dans la guest-house de la famille de Mr Vong, jeune lao d'une petite trentaine d'annees fort sympatique et tres accueillant. 6 bungalows de bois, de bambou et de chaume ou pour un peu, on risquerait de tomber dans le Mekong en en sortant un peu trop precipitemment. Heureusement, ceux-ci sont implantes dans une riziere et ca laisse tout de meme un peu de marge.

Cuisine excellente, preparee par Phimphone, la patronne, et servie par la jeune Sila, 15 ans, qui en parait au moins ... 12. A la nuit tombee, on allume les lampes a huile pour eclairer autant que possible l'interieur du bungalow et puis aussi l'exterieur, au cas ou un accident de hamac surviendrait. Cette discipline semble etre une des principales activites de l'ile, ce qui la rend bien entendu fort sympatique a mes yeux. Alors oui, on est bien chez Mr Vong ... la vie s'ecoule paisiblement, sans que l'on ait la moindre perception du temps qui passe. Des que les premiers rayons soleils viennent lecher la piece qui sert de salle a manger, la chatte de la maison s'etale langoureusement sur le plancher pour permettre a ses petits de teter. 3 petits chats que l'on surprend parfois a lecher les assiettes ou a plonger leurs pattes dans le lap (specialite du Laos, en fait une sorte de hachis qui peut se preparer avec du boeuf, du poisson et meme ... des larves de fourmis : delicieux !).

Lorsque l'on croise quelqu'un sur le petit chemin de terre, on se lance des grands et genereux "sabai di". Et puis au fil du temps, on se reconnait les uns et les autres, alors les regards sont differents et les sourires se font plus genereux. On est parfois (souvent) invite a venir boire le "lao lao", espece d'alcool de riz local.

Et que dire des nombreuses balades a faire dans les alentours ? Toutes plus belles les unes que les autres, car cette region regorge de chutes d'eau splendides, de plages de sable accueillantes, de forets aux essences aussi variees qu'odorantes, d'arbres aux formes incroyables et qui semblent parfois, lorsqu'ils vont par deux, entreprendre une danse d'amour compliquee.

Et le Mekong, veritable poumon de la region. Mon meilleur souvenir restera je crois le retour des chutes de Don Pha Pheng, de nuit sur le Mekong, un jour sans lune ... le pilote du bateau connait visiblement tres bien le fleuve car durant l'heure qu'a dure le retour, il n'a pas eu une hesitation, tant au niveau des petits rapides qu'il devait remonter avec la puissance necessaire qu'au niveau des obstacles naturels (bosquets d'arbustes, rochers). Pour faire bonne mesure, nous revenions avec - au fond du bateau - un beau poisson d'au moins 3 kilos que nous avions paye 30 000 kips (a peu pres 3 dollars) a notre guide-pecheur. Nous l'avons bien entendu deguster chez celui qui nous a accompagnee au cours de la plupart de nos balades, notre ami Noy. Alors que la nuit etait tombee depuis longtemps, nous nous sommes repus de la bete a la lueur des bougies ...

A gauche : Jeune laotienne de 20 ans, connaissance de Jeff

A droite : Le petit copain d'une laotienne travaillant a la guest-house, au cours d'une "bun"

Ci-dessous : Notre ami Noy (a gauche) et Mister Chan, au cours d'une soiree "lao lao" ....

Ci-dessus : Jeff en bonne compagnie. A droite, ambiance de "bun"

Ci-dessous : Arbres de la region de Si Phan Don

Ci-dessus : Paysage typique des 4000 iles (Si Phan Don)

Ci-dessus : Des enfants sur l'ile voisine de Don Khon

Photo prise par Jeff :

Pakse, 10 Mars - Vat Champasak

Ce matin, depart en mob vers le Vat Champasak, temple khmer accroche au flanc d'une montagne a 40 km au sud de Pakse, anciennement situe sur la route d'Angkor. Depart matinal, Une bonne heure de route, traversee du Mekong sur une sorte de ferry-radeau-planche a repasser, puis encore 15 minutes de route. Tout le long de ce dernier trajet, quelques maisons colonniales en parfait etat, des temples bouddhistes en nombre et beaucoup de jolies petites maisons traditionnelles. Une fois l'entree passee (30 000 kips, soit 3 USD), je contourne les bassins et je laisse la mob au parking. Au Laos, pas de gardien pour surveiller les becanes. On laisse le casque dans la petite corbeille fixee a l'avant et on s'en va. Au premier coup d'oeil, seulement 2 edifices en ruine, dans le pur style khmer de certains temples du site d'Angkor. Nous sommes au niveau bas du site. Une allee de pierres mal assemblees s'eleve doucement vers la montagne toute proche, vers l'inconnu. Nul ne peut deviner ce qui attend celui qui decouvre le site pour la premiere fois .... tout juste peut-on distinguer, un peu plus haut, ce qui ressemble a des petites murets de pierre, un peu comme des cultures en terrasses qui auraient ete abandonnees par faute de main d'oeuvre, celle-ci etant partie chercher du travail a la ville voisine.

Une volee de marche franchie et me voici au niveau intermediaire. Une statue de Bouddha veille sur les lieux depuis bien longtemps, et a voir les nombreuses offrandes deposees a ses pieds, nul doute que celle-ci est l'objet d'un veritable culte dans la region et meme au-dela. Pour monter au niveau superieur dont je ne devine toujours rien, il me faut maintenant monter un escalier datant lui aussi du XIeme dont les marches centrales sont tellement usees qu'elles en sont fortement incurvees (voir photo). Les frangipaniers dont les fleurs diffusent cette odeur si agreable bordent cet escalier majesteux qui me mene vers le dernier niveau, en lancant leur branches vers le ciel comme autant de bras maladroits cherchant la lumiere. Lorsque j'atteinds le dernier niveau, je reste sans voix .... car en me retournant, je peux maintenant apprecier la beaute extraordinaire de l'ensemble du site. A Angkor, je pensais avoir vu les plus beaux temples khmers qui puissent exister ... mais je n'avais pas encore visite le Vat Champasak. S'il n'apporte rien de par ses ruines, l'ensemble du site est assurement un des plus paysages qui nous ait permis de voir autour d'un temple khmer.






















Le retour sur Pakse sera par contre un peu delicat. Voulant prendre une piste longeant le Mekong, apres 1h30 de sentiers, de rizieres et un peu de sport pour traverser certains gues pourtant asseches, je me retrouve finalement au soleil couchant dans un petit village cul-de-sac. Le pecheur aura vite fait de voir mon etat et de me proposer la traversee du fleuve sur son bateau pour ... 50 000 kips, 5 fois le prix paye a l'aller a l'embarcadere. Mais bon, c'etait ca ou repartir en arriere dans la nuit qui commencait a tomber et c'est le genre de choses que je ne pouvais souhaiter a personne meme a mon pire ennemi ...

Ci-dessous : Dans le village cul-de-sac ...

Pakse, 10 Mars - Plateau des Boloven

Region reputee a juste titre pour la production de son cafe, le plateau des Boloven jouit d'un climat bien plus agreable (et moins etouffant) que Pakse, 50 km plus a l'ouest. Partout ou je m'arrete, des "sabai di" retentissent, et malgre mes 3 mots de lao, je reussis toujours a passer un moment sympatique avec des personnes rencontrees au detour d'une maison ou d'un jardin. Ce qui me surprend le plus dans ces petits villages dont les jardins attenants sont envahis par les cafeiers, c'est toujours l'extreme proprete des lieux. Derriere les portes entrouvertes des maisons, on devine plus que l'on ne voit des corps languissants laissant passer la chaleur accablante de ce milieu d'apres-midi. La quietude des lieux et l'extreme proprete (pas un papier en traine sur la terre rougeatre), associees aux nombreuses allees arborees donnent a ces villages un faux air de lieu de villegiature pour retraites ...

En balade toute la journee dans le coin, voici quelques photos prises ca et la ...
















Savannaketh, 13 Mars

L'autobus est parti depuis a peine 10 minutes, et deja la sono puissante diffuse de la musique tantot style "chanson d'amouuuuuur" tantot rock, parfois teintee d'un zeste de rap. Mais toujours, on retrouve a travers ces courants musicaux un fond de musique lao traditionnelle, ce qui le rend le rap assez sympatique a mes chastes oreilles. Le bus est dans un tres bon etat, de fins rideaux de couleurs vert, mauve et rose ceinturant le haut des vitres, rideaux eux-memes proteges par un filet de dentelle blanche. Les housses de tete sont propres et uniformes. Au Laos, contrairement au Viet Nam par exemple, il semblerait qu'il n'y ait pas de competition entre les chauffeurs de bus, ceux-ci adoptant une conduite prudente et responsable. Il faut dire que la circulation n'a rien a voir, il y a assez peu de vehicules sur les routes. Je suis sorti de mon demi-sommeil par des cris. J'ouvre un oeil et j'apercois, depassant de la rangee de sieges devant moi, des dizaines de longues brochettes sur lesquelles sont empalles des gros morceaux de poulet grille, des oeufs par 3, des beignets, des saucisses. En tout, une vingtaine de momes ont envahi le bus, se bousculant pour etre le premier sur le client. Et lorsque quelqu'un achete, tout le monde se precipite sur lui dans l'espoir de lui refourguer encore un petit quelque chose.

Il n'en reste pas moins que cette intrusion me fait echanger quelques sourires avec certaines personnes dans le bus ...

Depart pour Ta Khaek aujourd'hui, d'ou je partirai visiter l'est du pays en becane pour 2 ou 3 jours. Ce sera ensuite la montee sur Vientiane, la capitale, puis Luang Prabang et probablement la Plaine de Jarres.

Vientiane, 17 Mars - La grotte



L'homme a l'habitude d'aller chasser la chauve-souris et ce matin-la, il decide d'aller se promener vers la montagne, a quelques pas du village. Cette montagne, il la connait car il est ne dans la region, elle a donc ete temoin de ses premiers balbutiements, de ses premiers jeux d'enfants, peut-etre de son premier - et unique - amour. Depuis des milliers d'annees elle demeure la, offrant aux visiteurs sa majestueuse paroi de plus de 150 m de haut, recouverte de buissons et de taillis impenetrables. Et pourtant ...

L'homme est curieux et tout en escaladant comme il peut les premiers metres de la falaise a la recherche d'infractuosites ou pourraient se nicher quelques chauve-souris, il voit une zone sombre dans la roche, a une quinzaine de metres de hauteur. Il lui faut certes couper bon nombre de branches et de buissons pour y arriver mais qu'importe, le jeu en vaut peut-etre la chandelle. Alors il coupe, il cisaille, il arrache ... et arrive devant ce qui ressemble a l'entree d'une petite grotte. Il s'accorde alors quelques minutes de repos. Il ouvre son paquet de cigarettes et en retire une dont l'aspect semble quelque peu flettri, l'allume et d'un geste lent, la porte a sa bouche. Tout en tirant une premiere bouffee, il contemple le spectable que lui offre a present Dame nature. Tout autour de lui, ce ne sont que montagnes karstiques dont la palette des verts semble tendre vers l'infinie. A gauche, quelques arbres a papayes allongent leur tronc haut dans le ciel tandis que de gros fruits un peu oblongues attendent d'etre cueillis. Mais le temps passe, il lui faut aller voir ce que cache cette infractuosite. Alors tout en se penchant, il penetre dans ce qui va bientot etre un sanctuaire sacre, mais ca, il ne le sait pas encore .....

A la lueur de la bougie, il penetre tout d'abord dans une salle d'environ 60 metres carres. De magnifiques stalactiques s'offrent a ses yeux, certaines ressemblant a de fines cascades de glace figees la pour l'eternite. A la lueur de la bougie vacillante, les ombres dansent sur les parois, formant par moment des motifs inquietants ... mais ses yeux se font peu a peu a l'obscurite qui envahit la grotte. Et puis ce n'est pas nouveau pour lui, la region etant composee de milliers de grottes, depuis tout petit (deja) il a pris l'habitude d'aller trainer ses sandales dans ces lieux sombres et aureoles d'une teinte de mystere .....

A present qu'il avance encore un peu, il peut admirer une stalactique aux formes extraordinaires : Une grande "tombee d'eau" figee dans un merveilleux mouvement de drape. Une sorte de rideau de scene s'offrant au public avant que les trois coups n'aient ete frappes ...

La encore, on pourrait croire qu'un vendeur de guimauve facetieux a fait don de sa marchandise aux dieux de la montagne, car ce ne sont que formes voluptueusement gonflees retombant comme autant de bouts degoulinants de cette friandise collante et sucree qui fait le bonheur des enfants. Soudain, il sursaute : L'espace d'une fraction de seconde, dans la lueur de la bougie qui danse toujours au rythme de la legere brise qui balaye la grotte, il croit avoir vu une tete ... non ce n'est pas possible, il doit avoir reve. Mais tout va aller tres vite. Il respire fort, ses mains tremblent, et c'est un sentiment de peur mele de surprise et de curiosite qui le tenaille a present. Il tourne de nouveau la tete vers le centre de la grotte, approche la bougie et .... non, ce n'est pas possible, c'est incroyable, il n'en croit pas ses yeux : Devant lui, tout autour d'un bassin naturel qui s'est lentement forme aux cours des siecles et surement des millenaires, un spectacle pour le moins inattendu et insolite se revele a lui : Des dizaines de statues de Bouddha se dressent la, certaines ne mesurant pas plus de 5 cm de haut, d'autre mesurant pres de 1,5 metre ...

J'ai un peu "habille" ce recit mais sachez que cette histoire est veridique. Cette grotte a ete decouverte par un vieil homme du village, en 2004. Certaines de ces statues auraient 500 a 600 ans, et personne ne sait par quel miracle elles ont atteri dans ce lieu pour le moins insolite. Certains historiens pensent qui suite aux nombreux combats qui de tout temps ou presque ont oppose les thais et les laos, quelqu'un aurait voulu sauver ces statues en les cachant dans un endroit inaccessible ...

A present, cette grotte est un lieu important de pelerinage pour les fervents bouddhistes, et devant la frequentation importante de l'endroit, la visite est limitee a 15 mn. Hier matin vers 9h, il y avait peu de monde et j'ai eu le loisir de rester une heure dans l'endroit, attirant vers moi la curiosite de nombreuses personnes venues se reccueillir et qui se demandaient ce que je pouvais bien ecrire qui semblait si important dans un endroit pareil et a une heure pareille.




Vientiane, 18 Mars - En vrac ...

Je suis donc rentre hier de la region de Tha Khiek ou se trouve cette fameuse grotte. Apres une premiere journee passee a visiter cette petite ville de province, j'ai trouve une becane pour visiter les environs. Des la sortie de la ville, la route goudronnee cede la place a une large piste de terre rougeatre qui s'enfonce dans les terres, vers la frontiere avec le Viet Nam. De chaque cote de la route, des grottes sont accessibles par des petits chemins accidentes qui menent egalement parfois a des villages perdus, tel celui ou je me suis arrete il y a deux jours. Partout , l'accueil est sympatique, parfois une fois passe l'effet de surprise et quelques "sabai dii" aux personnes du village. Dans un de ces villages, voyant ma mine perplexe devant un engin pour le moins insolite, un vieux monsieur m'a explique comment fonctionnait ce piege a souris compose de morceaux de bambou, de ficelle et d'elastique. Lorsque la demonstration fut terminee, une vingtaine de gamins etait autour de moi ainsi que quelques (tres) jeunes filles dont on m'a fait comprendre qu'elles etaient celibataires ... mais le contraire m'aurait inquiete. Si j'avais pu repondre, j'aurais dit que j'etais ouvert a toute proposition mais que neanmoins je ne souhaitais pas - du moins pour le moment - proceder a une adoption.

Le Laos est decidement un pays ou l'on se sent tres bien. Meme a Vientiane, la capitale, il y a relativement peu de circulation meme si celle-ci n'a plus rien a voir avec ce qu'elle etait il y a quelques annees, d'apres certains voyageurs habitues du pays. La vie se deroule calmement, ici on prend son temps. Les laotiens disent que "trop travailler est mauvais pour la tete". Par ailleurs, si une activite (travail ou autre) n'apporte pas une trace de "muan" (plaisir), elle conduit inevitablement au stress. Et j'avoue ne pas encore avoir vu de laotien stresse ...

Article 9 de la constitution laotienne : Tout proselytisme et toute diffusion de documents religieux en dehors des eglises, temples ou mosquees est interdit. Tout etranger pris en flagrant delit risque l'arrestation et l'expulsion.

L'homosexualite est plutot bien acceptee ici, et ceux qui l'affichent ouvertement sont parfois sujet a une certaine curiosite. L'autre jour, un homme tres effemine est monte avec nous dans le bus (en fait un "sawngthaew, sorte de betaillere a 2 rangees de sieges), j'ai saisi alors des regards parfois etonnes mais souvent amuses d'habitants de la region.

Aujourd'hui visite entre autres du Vat Si Saket, qui possede en son cloitre une merveilleuse collection de bouddhas. Puissent ces visages sereins - et meme rieurs, voire enigmatiques - attenuer la colere qui gronde en France ...



Luang Prabang, 22 Mars - Totale serenite

Pas vraiment envie d'ecrire en ce moment, ni le temps pour ca, alors je laisse parler les images.





Vientiane, 26 Mars - Ce n'est qu'un au revoir ...

Demain 27 mars, mon visa expire. Il me faut donc quitter le pays, et j'ai choisi de repasser par la Thailande, Bangkok plus exactement. Pour vous mettre dans la confidence (mais que tout ca reste entre nous), j'accumule depuis le debut de mon voyage un certain nombre de photos dont les supports dorment tranquillement dans mon sac a dos. J'avais fait developper un certain nombre d'entre elles a Bangkok fin Novembre, et comme c'est l'endroit de la region le plus sur pour trouver un labo digne de ce nom, je porterai dans quelques jours mes 70 films a developper (ce qui represente a peu pres 2500 cliches) apres quoi j'envisage de rapatrier ceux-ci (plus ceux que j'ai dans mon sac) en France via un service de messagerie expresse. Et puis je sais que mes problemes de sante ne vous interessent guere, mais il y a 10 jours, je me suis casse une quenotte, ce qui va probablement m'obliger a me faire poser une couronne. La Thailande etant un pays repute pour sa medecine de maniere generale et pour les travaux dentaires, je mettrai a profit mon sejour la-bas pour aller souffrir un peu ...

Je vais donc quitter le Laos qui ne m'a pas particulierement inspire au niveau de mon blog. Non pas que je n'avais rien a dire, bien au contraire. J'ai plaisir a passer regulierement du temps dans les cyber-cafes pour vous faire partager ce voyage, mais cette fois j'ai ressenti le besoin de garder certaines sensations pour moi. Ce voyage hors du temps fut extremement enrichissant tant sur le plan culturel que sur le plan des rencontres. Ca aura ete une revelation pour moi, a tel point que j'envisage d'y revenir sitot ma nouvelle quenotte en place. Et ne me demandez pas comment je compte finir mon tour du Monde avant fin Aout, je n'en sais rien moi-meme. Par contre, ce que je sais, c'est que j'ai envie de m'autoriser ce retour dans un pays ou il fait vraiment bon voyager. Hors du temps ...

Et puis je pense qu'a l'avenir mon blog sera un peu moins causant, d'autant qu'en Chine il n'est pas assure que je puisse y avoir acces. Ca s'appelle la censure, un peu comme au Viet Nam il y a quelques semaines. Sachez que par exemple mes amis vietnamiens sont dans l'incapacite de regarder mon blog, car les flux sont controles par les deux ou trois fournisseurs d'acces du pays et si la modification du blog est possible (ce qui m'a permis de l'alimenter), la consultation en est interdite depuis l'interieur du pays.

Dernieres photos du Laos a venir ...

Bangkok, 31 Mars

Pas encore eu le temps de trouver un cyber cafe avec CDOM pour charger quelques photos du Laos. Premieres journees a Bangkok plutot sympas : Les travaux dentaires avancent bien, et j'ai retrouve Nu, un jeune thai rencontre en Janvier dernier sur un site d'Angkor. J'ai retrouve aussi Tip, rencontree au Laos, et ces personnes me font visiter la ville comme seuls des thais peuvent le faire. Ma premiere soiree fut consacree a une serie de photos prises au cours de la manifestation (pacifique) pour le depart du Premier ministre Thaksin, qui s'est apparement permis de vendre a des puissances etrangeres et a titre personnel des choses qui ne lui appartenaient pas vraiment. Prochaine manif prevue le 7 Avril.

Bangkok, 7 Avril

Le Premier ministre Thaksin a signifie a la TV qu'il prenait la decision de partir, je n'ai donc plus rien a faire a Bangkok ... je n'aurai meme pas eu l'occasion de revetir mon beau tee-shirt jaune achete lors de la derniere manif, dommage.

Je quitte Bangkok ce soir, avec une quenotte toute neuve et l'impression d'avoir replonge pour quelques jours dans un monde tres occidentalise. Les thailandais ont une frenesie d'achat assez incroyable, et les nouveaux "department stores" fleurissent a tout va, surtout dans le centre de la ville (Siam, National Stadium, etc ...). Sur les milliers de metres carres s'etalent des fringues, de l'electronique, des fast-food, des salles de jeux, des magasins de meubles, des joalleries, des complexes de cinema ...

Imaginez le BHV ou la Samaritaine (paix a son ame) mais avec seulement de l'electronique : C'est Pantip Plaza, le centre nevralgique de la vente d'ordinateurs et d'appareils photos a Bangkok. Sur 5 ou 6 niveaux, des appareils numeriques ou argentiques, des PC, des pieces detachees en tout genre (c'est 50 fois la rue Montgallet reunies en 1 seul endroit), et toujours bien sur de quoi se nourrir. C'est la que j'ai trouve mon nouvel appareil numerique, encore un Olympus mais avec un zoom un peu plus puissant que le precedent qui montrait des signes de grosse fatigue.

J'aurais passe pas mal de temps avec mon ami Nu et sa copine Kaka, qui m'auront fait decouvrir certains quartiers excentres de la capitale thailandaise. Nu m'a egalement invite a me joindre a sa famille lorsqu'il s'est rendu a Nakhon Phanom (a 60 km de Bangkok) pour une ceremonie au temple, en souvenir de son pere decede il y a maintenant 8 ans. A cette occasion, des offrandes ont ete deposees devant le petit stupa ou reposent ses cendres, sous forme de bol de riz, de viande, de couronnes faites par nos propres soins a partir de feuilles de papier dore. Un peu plus loin, des billets sur lesquels sont inscrits des sommes plus ou moins vertigineuses sont jetes au feu, de facon a ce que la-haut son pere ne manque de rien, tout ca se faisant dans une ambiance fort sympatique. Nous en avons profite pour visiter ensuite le plus grand stupa du pays (et peut-etre au Monde), il mesure je crois me rappeler quelque 130 metres de haut. La fin d'apres-midi fut propice aux couleurs chaudes qui nous ont permis de prendre la pleine mesure de la beaute du temple.

Je quitte Bangkok ce soir - en principe - pour retrouver le Laos et sa douceur de vivre ....

jeudi, février 02, 2006

Vietnam - Fete du TET - Delta du Mekong

Hoi An, 2 Fevrier - Scenes de maneges (la casquette est morte, vive le beret)

Me voici donc de retour au Viet Nam, en pleine fete du TET. Si on me demande un jour ou j'etais pour le nouvel an chinois en 2006, je pourrai repondre sur un ton blase "bof, un peu partout, au Cambodge, au Vietnam ...". J'etais en effet encore a Phnom Penh pour le premier jour du TET qui en compte traditionnellement trois et a cette occasion, j'ai pu assister a quelques scenes qui se renouvellent chaque annee a pareille epoque ou plus regulierement pour d'autres. Celle-ci en fait partie : Des potron-minet, les habitants sortent un seau (ou un autre recipient solide) sur le trottoir, puis allument un feu a l'interieur pour y bruler des papiers sur lesquels figurent soit des billets de banque, soit de l'or ou encore de l'argent. Par ce geste, on fait un don aux ancetres dont la memoire, partout en Asie, revet une importance qui touche presque au sacre. La nourriture est egalement tres importante, et on se doit d'avoir une profusion de plats pour que l'annee a venir soit la plus profitable possible. Il n'est pas rare que l'on achete beaucoup plus que ce que les estomacs de la famille peuvent ingerer.

Je me suis donc rendu au Viet Nam au cours du 2eme jour du TET. Lorsque je suis arrive a Saigon, qui s'appelle maintenant officiellement Ho Chi Minh ville mais que tous les vietnamiens du Sud (jusqu'au centre) continuent d'appeler Sai Gon envers et contre tout, je suis reste scotche : Cette ville, d'habitude si bruyante, trepidante, petaradante, grouillante de mobs, de velos, de bus, de voitures, de pietons, s'etait pour ainsi dire videe de ses habitants. On aurait dit qu'un souffle monstrueux etait passe par la quelques heures avant, emportant tout ce que la ville compte de mobile tres loin dans la campagne environnante. Dans le courant de l'apres-midi, j'ai pu assister au defile traditionnel du TET. Les proprietaires de restaurants aiment a payer pour que les lions fassent une petite visite dans leurs locaux, ceci afin d'assurer richesse et prosperite a l'etablissement pour l'annee a venir.

Apres etre remonte sur Hoi An, j'ai pu constate que les festivites durent bien apres les trois jours "officiels"de la fete. Ainsi, a quelques centaines de metres de mon hotel, des maneges ont ete installes sur un terrain en friche et tout le monde s'en donne a coeur-joie. Il ne me restait plus qu'a bien prononcer "Chuc Mung Nam Moi" (Bonne Annee) et ... les sourires etaient pour moi ! Mais ici, point de "Grand Huit" ou d'autos-tamponeuses hyper-modernes. Non, ici, on doit faire tomber des canettes de biere vides a l'aide d'une boule en caoutchouc pour gagner une bouteille d'eau de 50 cl, ou encore jeter une bassine sur une bouteille d'un litre de soda en esperant qu'elle la recouvre completement pour avoir le droit de repartir avec la victime de cette attaque impitoyable, ou encore mettre une boule de ping-pong dans le bon trou pour rentrer chez soit avec un petit paquet de gateaux sous le bras.

Voici donc quelques scenes de maneges. A noter que le tendance du moment est au beret, meme si ca ne se voit pas forcement sur ces photos.




Ha Tien, 13 Fevrier - Ca sent la crevette

Petite citee aux confins du Delta du Mekong, a une petite dizaine de kilometres de la frontiere cambodgienne, Ha Tien semble vivre en bonne partie de l'industrie de la crevette. Il y en a un peu partout sur les trottoirs, et les roles sont bien repartis entre les personnes chargees de leur preparation : On les fait d'abord secher - parfois a meme le goudron -, puis certains les trient, d'autres les passent au tamis, d'autres encore les epluchent ....

Cela faisait une dizaine de jours que ce blog etait silencieux, mais cette pause volontaire etait la bienvenue apres les heures passees dans les cyber-cafes d'Inde ou du Cambodge. Et puis pourquoi le cacher, cela a ete aussi l'occasion pour moi de mener de longues reflexions sur le sens de la vie, sur les perspectives pour les annees a venir que je n'envisage guere plus derriere un bureau (c'est mon boss qui va etre content s'il lit ces lignes), et surtout, aussi curieux que cela puisse paraitre, sur la difficulte de vivre parfois l'instant present. Je pense sans cesse aux personnes que j'ai rencontrees jusqu'a maintenant et qui pour certains me sont tres chers. Je n'ai qu'une envie, c'est de les revoir pour partager encore d'autres bons moments avec eux. J'avais discute de ce sujet avec Francois, qui est revenu de son tour du Monde il y a maintenant presque 15 ans. Il me disait qu'il ne fallait pas s'attacher aux gens que l'on rencontre sur notre route, car il y a des personnes epatantes partout. Il a totalement raison sur ce dernier point, d'ailleurs je sais d'avance que j'en rencontrerai encore et encore, mais decidement, je ne peux m'empecher de penser a eux !

Pour revenir au Viet Nam, ce pays me fascine toujours autant. Le Viet Nam, c'est le pays ou les camions diffusent "happy Birthday to you" sitot que la marche arriere est enclenchee, le pays ou de bons fruits delicieux tels que les jaquiers ou les lichees vous attendent sur le bord de la route. C'est le pays ou pour eviter de vous rendre la monnaie (c'est pas bon pour la tresorerie de rendre de la monnaie ...), on vous donne un chewing-gum a la place. Et puis c'est aussi le pays ou quand un mini-bus met 2 heures pour faire un trajet qui en prend en principe 3, on n'a pas le droit de se lever pour gueuler au chauffeur de rouler moins vite. C'est pourtant ce que j'ai fait il y a trois jours. Le chauffeur devait probablement se croire encore devant sa console de jeu video, avec laquelle il doit entretenir une relation intense et reguliere, car je n'ai jamais vu un bus aller aussi vite, et j'ai vraiment eu peur, pour la premiere fois je crois en Asie. Quand je me suis lever pour crier "di cham lai", ca a fait rigoler presque tout le mini-bus. Meme si ma phrase etait incorrecte dans sa forme, tout le monde a bien compris ce que je voulais dire, et la femme qui aidait le chauffeur a faire monter et descendre les gens (enfin plutot a les pousser ou les hisser, vu le peu de temps consacre a cette tache ingrate qui devait faire baisser la moyenne de facon considerable), cette femme, donc, m'a fait comprendre que mes paroles etaient deplacees. Je lui ai fait comprendre que les siennes l'etaient tout autant, car il s'agissait non seulement de la vie des passagers du bus mais aussi de celles des gamins qui rentraient de l'ecole et dont le guidon du velo frolait a chaque depassement le pare-choc avant du bus. Ma gueulante a pourtant calme le chauffeur pendant un bon moment, au moins ... disons ... allez, 4 minutes. Apres quoi, un bus s'est presente a l'horizon de sa casquette qui recouvrait assurement une cervelle pas plus grosse que celle d'un moineau, et ca, il ne pouvait pas le supporter. Alors la chevauchee "fantastique" a repris de plus belle. Klaxon bloque, le depassement s'effectue a moins de 50 cm du molasson qui se traine lamentablement a 60km/h sur cette route dont le flux reflete celui de la majorite des routes au Viet Nam : De chaque cote, des gamins qui rentrent de l'ecole ou d'autres qui jouent devant leur maison, puis des velos, des mobylettes qui ne roulent pas forcement bien a droite, et enfin le reste de la voie ou c'est un peu la loi de la jungle et le pouvoir d'intimidation qui joue en premier lieu. Bien entendu, le plus gros est prioritaire, et l'usage du klaxon a remplace depuis longtemps celui du frein en cas de danger. Alors sur la route tout le monde klaxonne, et on essaie de se frayer un passage au mieux. Malgre les mesures de securite prises assez recemment (je crois 2 ans) qui consistent entre autres a imposer la presence de retroviseurs sur les mobs et le port du casque pour les deplacements inter-villes (aucune obligation de porter un casque en ville), de nombreux accidents ont lieu tous les jours sur les routes du pays. Une de mes connaissance connait une amie qui a perdu sa soeur de 23 ans il y a deux semaines dans un accident de la route, poussee par un 4 x 4 .... et hier midi, en rentrant de Can Tho, j'ai vu une famille de 3 personnes se faire balancer sous mes yeux pendant que je dejeunais, heureusement sans gravite pour aucun des membes de la famille. En principe, une personne responsable d'un accident mortel doit payer les funerailles a la famille du defunt et aller croupir en prison pour quelque temps, la notion de temps etant j'imagine assez elastique, et la duree du sejour en prison probablement inversement proportionnelle a l'etat du compte en banque. Pour le neophyte qui arrive au Viet Nam pour la premiere fois, la conduite ne repond a aucun critere de securite ni de logique connu. Et les "petits arrangements" qui sont monnaie courante (c'est le cas de le dire ...) dans le pays n'arrangent rien. Quand un engin est arrete sur la route car il ne remplit pas les conditions de securite suffisantes, le billet glisse sous la carte d'identite ou le permis permet generalement de s'entendre et de considerer le probleme sous un autre jour. Tiens au fait, notons au passage qu'ici, mis a part les empreintes des deux pouces, l'adresse et les signes particuliers de la personne, la carte d'identite indique egalement l'ethnie et la religion.

Hoi An, 18 Fevrier - Retour du Delta du Mekong

De retour du Delta du Mekong ou j'ai passe quelques jours avec des amis. De Can Tho, ville centrale dans le Delta et point de depart pour l'ensemble de la region, je suis parti ensuite poour Chau Doc ou j'ai rencontre Ly Minh et Francois, routier (donc forcement sympa) a la retraite. Nous avons passe une journee ensemble, Ly Minh etant trop heureuse de nous faire visiter sa region natale. Nous avons visite une pagode qui a vu le propre pere de Ho Chi Minh s'occuper des plus demunis pendant presque 3 ans. Le Delta est considere comme le "grenier a riz" du Viet Nam, ce que je trouve personnellement tres injuste pour les autres regions qui regorgent elles aussi de grandes rizieres qui s'etalent a perte de vue, mais les statistiques sont la : Le Delta du Mekong fournit assez de riz pour nourrir tout le pays (83 millions d'habitants) et permet a celui-ci de se hisser au rang de deuxieme exportateur mondial (record etabli de 4,5 millions de tonnes exportes en 1999). La culture de celui-ci occupe 70% de la population active. Au fait, "riz" en langue indienne ancienne se dit "dhanya", ce qui signifie "soutien de la race humaine".

Apres Chau Doc, je suis parti pour Ha Tien, petit port de peche bien sympatique dont les effluves de crevette emplissent les rues du matin au soir. On y accede par un pont flottant compose de poutrelles d'acier posees sur des barques, moyennant 200 dongs a l'aller comme au retour (pour rappel, 1 euro = 20 000 dongs). La frontiere avec le Cambodge n'est qu'a 8 km, et lorsque l'on arrive non loin de cette petite bourgade, la presence de mitrailleuses pointees vers le voisin proche nous rappelle que ce territoire doit toujours etre l'objet de revendications et que tous les differents sont loin d'etre regles. Neanmoins, j'ai appris que des papiers avaient ete signes tres recemment pour reconnaitre l'appartenance de l'ile de Phu Quoc au Viet Nam. Cette ile, effectivement sous controle vietnamien depuis fort longtemps, est pourtant le prolongement direct de la pointe du Cambodge.

D'un point de vue historique, le Delta a toujours appartenu au vaste empire khmer et encore aujourd'hui, les khmers appelent cette region le "Bas-Cambodge". En fait, ce ne fut qu'au 18eme siecle que le Roi du Cambdoge, pour s'assurer le soutien du Viet Nam contre les thais alors tres puissants, et aussi pour satisfaire a la demande de sa femme d'origine vietnamienne, autorisa les vietnamiens a s'installer a Prey Nokor, petite bourgade plus connue maintenant sous le nom de Hi Chi Minh ville. Aujourd'hui, de nombreux habitants du Delta sont d'origine khmer, ils sont connus sous le nom de "khmers krom". Meme s'ils ont des cartes d'identite vietnamiennes et s'habillent comme les vietnamiens, ils n'en continuent pas moins a suivre certaines traditions seculaires toujours vivaces au Cambodge. D'autres sont d'origines cham, empire disparu dont j'avais un peu parle dans mon post sur la Thailande.

Et puis comment parler de cette region sans evoquer le fleuve mythique, le Mekong .... il prend sa source au Tibet, traverse la Chine sur 4500 km, puis s'ecoule entre la Birmanie et le Laos, puis entre la Laos et la Thailande, traverse le Cambodge ou il se separe en 2 bras : Le Bas-Mekong (ou Hau Giang ou Bassac) qui arrose entre autres Chau Doc et Can Tho et le Haut-Mekong (ou Tien Giang). Le debit du Mekong varie selon la saison de 1 900 a 38 000 metres-cube/seconde (voir le post sur le Cambodge pour plus de precisions sur cet etrange phenomene d'inversion du cours des eaux). Enfin, autre phenomene naturel, par un lent processus de sedimentation, le Delta gagne sur la mer a raison de 79 metres par an.

Hoi An, 21 Fevrier - ca se passe comme ca, ici ...

Il est 10h, je me balade dans les petites rues de Hoi An, ou contrairement aux rues adjacentes remplies de touristes en quete de la bonne affaire, je ne rencontrerai pas un seul etranger de la matinee. Je prends quelques photos des maison au charme si particulier, et soudain, au detour d'un petit jardin, mes oreilles sont attirees par la voix d'une femme semblant enseigner le vietnamien. Je m'arrete pour jeter un oeil par la fenetre, il s'agit d'une mere de famille qui entraine sa petite fille de 6 ans a la bonne prononciation. Je decide donc de suivre le cours en meme temps qu'elle, parce que c'est pas tout ca mais j'ai un certain retard a rattraper par rapport a la gamine, et l'occasion est trop belle de suivre le b-a-ba du vietnamien sur un bouquin de fin de maternelle. Nous echangeons des regards complices avec la gamine qui doit trouver pour le moins insolite qu'un "blanc" s'interesser a son programme d'ecole ....

Il est maintenant 11h, toute la famille est reunie et je suis retenu a dejeuner .... tout ca avec un minimum de paroles, car comme d'habitude quand j'echange en vietnamien, la communication n'est pas toujours facile, meme si nous pouvons nous comprendre sur des choses simples. Ils savent maintenant comment je m'appelle, d'ou je viens, quel est mon age, mon job, depuis combien de temps je suis ici, si je suis marie, si j'ai des enfants, combien de temps je vais rester a Hoi An, et aussi ... quand je serai libre pour revenir de nouveau manger chez eux. Alors apres quelques photos dont je tiens a vous faire partager certaines, je m'en suis retourne a mes occupations du moment.


Maintenant, quelques photos prises ces derniers jours dans le Delta :

Tan Chau : Bras donnant sur le Bassac / Ha Tien : Specialite regionale, le tamarin



En haut a gauche : A la pagode ou vecut quelque temps le pere de Ho Chi Minh

En haut a droite : Une grand-En mere et sa petite-fille pres de Chau Doc

En bas : Vielle femme et moine a la pagode de Hon Chong (cote sud)


En haut a gauche : Boutique vendant du poisson, des crevettes et des tissus a Can Tho

En haut a droite : Fillette a Ha Tien (cote sud)

En bas a gauche : Mon ami Phuc Mai, 71 ans aux prunes. On se connait depuis 5 ans, et on a toujours autant de plaisir a se revoir ...

En bas a droite : Mon amie Hiep, c'est a cause d'elle et de sa famille que je me suis lance dans l'apprentissage du vietnamien par la methode de la torture ...

Tous deux habitent a Can Tho

Enfin, quelques cliches pris a Hoi An, dont j'avoue avoir un peu de du mal a decoller .... je devrais en principe etre au Laos depuis 3 semaines, alors depart prevu dans le courant de la semaine. Pour ceux qui se desolaient de ne plus avoir de nouvelles de Tintin, j'ai retrouve sa trace, il est visiblement passe du reportage au repassage ....

Pour ceux que ca interesserait, j'echange volontiers son adresse contre un mandat postal de 0.85 euro afin que ce soir, je puisse manger ma soupe de nouilles quotidienne.



Hoi An, 22 fevrier

A bien observer comment se deroule la circulation ici, je souhaite juste revenir quelques instants sur des mesures elementaires de securite qui pourraient etre decidees ici s'il y avait la volonte de faire baisser le taux de mortalite sur les routes :

- Interdiction de s'assoir sur la route, particulierement a la nuit tombee

- Obligation d'allumer les phares, particulierement le nuit :-)

- Interdiction de monter a plus de 4 sur une mob (2 adultes et 2 enfants). Il ne faut pas rever, vu le cout d'un tel engin, il est quasi-impossible pour de nombreuses familles d'acheter 2 mobylettes. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir 4 adultes ou meme une famille de 6 personnes sur un de ces engins

- Interdiction de doubler en 3eme ou 4eme file, voire plus ....

- Obligation de regarder si un vehicule arrive quand on sort d'une route ou d'un chemin. Ca peut paraitre idiot, mais ici personne ou presque ne le fait. On s'engage sur la route sans regarder, et on evalue la quantite de decibels produits par le klaxon du vehicule qui arrive - s'il y en a un -pour adapter son comportement

- Creer une brigade anti-corruption chargee de punir ceux qui acceptent de l'argent pour fermer les yeux sur une faute grave ou pour laisser repartir un vehicule n'etant pas en etat de rouler (ouais je sais, autant demander a Lelouch de faire du cinema)

- Apprentissage obligatoire des la maternelle de la fonction et de l'utilite du clignotant

- Port du casque obligatoire pour les 2 roues motorises

- Respect de la signalisation (les sens interdits sont interdits)

- Interdiction de doublert par la droite

- Interdiction de rouler a 2 de front, encore moins a 3, a 4, a 5 etc etc ....

Voila, la liste n'est bien entendu pas exhaustive, si certains ont des idees, on peut toujours les rajouter.

Bon, maintenant, ne soyons pas serieux juste un instant ... une derniere photo prise dans une rue de Saigon :

Hue, 25 Fevrier - Dechirement

Hue, ancienne capitale du Viet Nam imperial, domaine des seigneurs Nguyen ... Aujourd'hui est mon dernier jour au Viet Nam. Je comptais passer une journee ou deux a Hue, mais hier soir, au cours du diner que je partageais avec une amie, je me suis subitement reveille : Mon visa se termine aujourd'hui 25 Fevrier ... parait-il que l'on peut se presenter neanmoins a la frontiere le lendemain de l'expiration de celui-ci sans rencontrer de probleme. Alors aujourd'hui est un jour de dechirement, il me faut quitter le Viet Nam ... dire au revoir aux amis de longue date, rendre une derniere visite a ceux rencontres dernierement, regarder encore une fois attentivemnent ces femmes portant leurs paniers au bout d'une longue tige de bambou coupee en deux, adoptant pas la-meme, afin d'accompagner le balancement de la charge, une demarche me faisant parfois penser au deplacement de certains grands animaux a l'allure si majestueuse. Il me faut aussi rendre hommage a tous ceux qui m'ont offert leur sourire, laissant parfois juste apparaitre le pli de leurs yeux au dessus de la bande de tissus recouvrant une bonne partie de leur visage afin qu'ils puissent se proteger du soleil. Comment ne pas penser a tous ces enfants au sourire spontane et aux yeux remplis plein de malice ? Comment ne pas etre touche par la grace des etudiantes en habit traditionnel, l'Ao Dai (se prononce Ao Yai au Sud et Ao Zai au Nord), coiffees encore parfois du non moins traditionnel chapeau conique et chevauchant leur velo comme autant de chevaliers se rendant fierement au combat sur leur monture ? Comment oublier ces vieux au visage burine par le temps et aussi peut-etre par de longues annees de guerre et de souffrance, faisant un petit signe de la tete a votre passage, un leger sourire aux levres ?

Et il y a encore tant a dire sur ce pays ...

Je sais que peu de voyageurs se rendant au Viet Nam souhaitent y retourner, tant la pression sur le touriste est parfois fatiguante. Mais je crois que ma curiosite et le fait de parler un peu la langue m'a permis de faire quelques rencontres vraiment sympas et m'a ouvert en grand les portes de certaines familles, ou j'ai vecu des moments de complicite inoubliables, bien loin des cliches dont sont porteurs la majorite des gens qui reviennent d'ici. Alors si vous vous rendez au Viet Nam, j'ai envie de dire "sortez des sentiers battus, apprenez trois mots de vietnamiens et vous serez accueillis de fort belle maniere" !

Je sais que le Laos va m'apporter mon lot de plaisirs et de surprises, aussi j'ai fait grave aujourd'hui je crois mon 10eme CD d'images afin de faire place nette dans mon petit numerique.


J'ai souhaite que la toute derniere photo de ce post soit un hommage a la famille rencontree au hasard de mes promenades dans les petites rues de Hoi An. Invite une nouvelle fois a partager leur repas au cours duquel nous avons pas mal rigole, j'ai du les quitter non sans difficulte ... mais j'ai promis a Huynh, Hoang, Loan, Phuong et Bich que nous nous reverrons.