jeudi, mai 11, 2006

Chine du Sud - Yunnan / Guizhou / Guangxi

La Chine ...


Jinghong, 11 Mai - Premiers pas au Pays du milieu

Apres presque 2 semaines passees dans le Nord-Laos, a me balader dans les montagnes, me baigner dans les cours d'eau, visiter quelques grottes et villages alentour, et accessoirement me bouffer quelques sangsues affamees, me voici en Chine du Sud, plus precisement dans le Sud du Yunnan, dans une region appelee le "Xishuangbanna", tout pres des frontieres de la Birmanie (appelee maintenant Myanmar par la junte militaire au pouvoir) et du Laos. Il s'agit d'une region montagneuse ou les rizieres et les plantations de the dominent le paysage.

Ma premiere impression de la Chine est assez mitigee : Accueil parfois moyen, alors que la communication est deja relativement difficile : Je n'ai encore rencontre personne parlant anglais, a part chez Yunnan Airlines. Alors on se debrouille pour montrer ce que l'on veut manger, et pour le reste, il suffit de montrer dans le guide une des quelques phrases toutes pretes, et ca marche a peu pres. Par contre, qu'est-ce que l'on mange bien ! Les plats sont vraiment delicieux et tres souvent copieux. Le cout de la vie est plutot faible, je depense en moyenne 8 a 10 euros par jour depuis dimanche, jour de mon arrivee.

Le plus surprenant ici ? C'est bien la folie du portable qui a bel et bien envahi le pays : Des dizaines et des dizaines de boutiques, parfois sur un meme trottoir et cote a cote, proposent cet objet diabolique et tout ce qui va autour.

J'ai decide de lever un peu le pied sur ce blog, car avant mon depart je le revais en quelque sorte espace de liberte (ce qu'il est) mais aussi espace d'echanges et de ce cote-la, je reste un peu sur ma faim. Je tiens a remercier neanmoins tous ceux qui y participent de pres ou de loin, les Dorothee, Momo, Joelle, Henri, Beatrice, Gerard, Francoiss (je mets 2 "s" car il y en a deux), Pantoufles (que je ne sais toujours pas qui c'est, au fait), et tous les autres qui font vivre ce blog depuis Octobre dernier (et oui, deja ...). Je continuerai neanmoins a l'alimenter, aussi n'hesitez pas a me faire part de vos commentaires, a critiquer, a proposer, a questionner !

Vues de Jinghong :


Photo des environs de Jinghong (Menghun) : Une femme et sa fille, ethnie Dai :


Lijiang, 12 Mai

Me voici arrive a Lijiang, petite ville du Nord-Ouest du Yunnan. J'ai fait le voyage en avion, car figurez-vous que d'une part ce n'est pas tres cher (460 yuans), que ca me fait gagner quelques miserables heures de bus (plus d'une vingtaine) dans une ambiance enfumee (les chinois fument beaucoup et de preference dans les bus, c'est surement plus confortable). J'avais beaucoup entendu parler de cette ville dont la partie ancienne remonte a plus de 800 ans. Les paves de granit aux cinq couleurs, lisses comme l'esprit d'un adjudant en fin de carriere, sont encore la pour temoigner de son histoire. Malheureusement, le tourisme a son revers : Partout dans le centre de la vieille ville, les petits canaux et les maisons anciennes ne peuvent faire oublier les innombrables commerces en tout genre qui ont envahi les ruelles. On se croirait au Mt St Michel ... par chance, ma guest-house est a quelques centaines de metres de cet endroit qui sent bon le superficiel (toutes les serveuses des restos sont en tenue traditionnelle, histoire de ne pas oublier que nous sommes en plein pays Naxi).

Vue de Lijiang :

Fillette jouant dans une ruelle de Baisha, vieux village non loin de Lijiang :


Zhongdian, 20 Mai - Emotions intenses

La Chine, quel choc .... je suis en ce moment a l'Ouest de la province du Yunnan, une des 21 provinces du pays (qui comprend egalement 5 regions "autonomes"), dans une region ou la population est majoritairement tibetaine. Le Yunnan, la sixieme province par la taille, voit a lui tout seul s'epanouir 50% de la flore et de la faune du pays, et un tiers des minorites ethniques y demeure. Cette province est appelee "Royaume des plantes", "Jardin des fleurs divines" et "Foyer du parfum".

Le Tibet est proche, et autant la population du Tibet (pays qui fait 2 fois la France en superficie) n'est que de 2,7 d'habitants, autant les tibetains sont egalement - et surtout - 4 millions repartis dans 4 provinces chinoises proches du Tibet.

Vignes dans la region de Benzilan :

Grace au petit bouquin dont je parle plus loin, j'ai reussi a apprendre que les vendanges intervenaient ici egalement en aout. Quant a savoir de quel cepage il s'agissait, je manquais quelque peu de vocabulaire (desole Valerie ...)

Parait-il que les tibetains adorent danser. Ici, a Zhongdian, tous les soirs et sous l'oeil attentif de quelques policiers, ils envahissent la place principale de la vieille ville, certains dans leur costume traditionnel, et se lancent dans des danses qu'ils semblent tous connaitre par coeur. Il se degage de ces moments de fete beaucoup de bonne humeur et une chaleureuse convivialite.

Que dire des quelques jours passes depuis mon dernier post sur ce blog ? Comment resumer ces 8 jours en quelques lignes, d'autant qu'il est midi et demi et que mon estomac traine par terre ? Mmmmmmmm ? Disons-le franchement, comme ca, pas possible.

Je rencontre des chinois fort sympatiques qui s'amusent beaucoup de me voir trainer dans leur cuisine, car ici si on veut bouffer, il n'y a pas d'autre solution que d'aller montrer ce que l'on a envie de manger. Et la, premiere surprise : Quand on montre par exemple de la viande de Yack avec des tomates et une herbe folle que l'on ne connait pas, esperant avoir un bon plat avec tout ca dedans, on se retrouve en fait avec ... 3 plats differents : 1 plat de viande excellent assaisonne avec des oignons, une sorte de ciboulette parfois, du piment, des poivrons, plus d'autres trucs que je ne connais pas, puis un plat avec l'herbe cuite et enfin un dernier plat avec de la tomate souvent melangee avec de l'oeuf. Generalement, les portions sont pour deux personnes affamees, ce qui parfois me convient tres bien. Le prix est souvent de 15 a 20 yuans, sachant que l'euro vaut a peu pres 10 yuans. Concernant l'hebergement, c'est tres bizarre mais par exemple hier a Benzelan, petit village tibetain ou j'ai passe la matinee a visiter le monastere, pour 10 yuans j'ai eu droit a une piaule au lit delabre (a eviter pour une lune de miel), avec un carreau proche de la serrure casse (autant dire que la chambre ne fermait pas), les chiottes (j'ai envie d'etre un peu familier aujourd'hui) a l'etage en dessous, et a la chinoise : 3 fentes separees par des petits murets juste bons pour jouer a cache-cache, et encore (bonjour la discretion), les fentes donnant juste en dessous, 1 metre plus bas. Le lendemain j'ai change d'hotel apres avoir prospecte pendant une bonne demi-heure (et j'ai eu des propositions de chambre aux tarifs assez farfelus) et pour 40 yuans, la piaule etait dotee d'une salle de bain avec eau chaude et baignoire (j'ai pris mon premier bain depuis 7 mois), de 2 grands lits avec couverture chauffante. Je ne sais pas si vous avez deja essaye ca, mais c'est d'laaa baaaaalle, comme y dizent les djeunes. Pour vous dire, moi qui ne connaissais pas le truc, j'ai demande une couverture supplementaire au cas ou. On m'a assure que la simple couverture chauffante etait bien suffisante, si si si, mais j'ai explique que c'etait psychologique, je VOULAIS une deuxieme couverture, bon. Je me suis donc endormi avec ma polaire, mon fut' et ma deuxieme couverture (ca caillait a mort). Une heure apres, j'avais vire la deuxieme couverture et j'etais dans le plus simple appareil, meditant sur le fait qu'il faut finalement toujours ecouter ceux qui savent ....

Et puis il y avait la TV dans la chambre, mais la TV on l'oublie, because a part les programmes chinois, il n'y a pas grand chose a se mettre sous les lunettes : Series B a l'eau de Lotus, jeux a la con (on a les memes chez nous, parait-il), et parfois quand meme un peu de sport (golf et surtout badmington ou les chinois excellent).

Vue generale du monastere de Ganden Sumsteling, a la sortie de Zhongdian :

Interieur du monastere :

Moines de la secte des "bonnets jaunes" (remember Tintin au Tibet ?) :

J'ai achete par ailleurs un petit bouquin qui m'aide a me debrouiller pour les besoins de tous les jours, et j'avoue qu'il est tres bien fait. Je fais donc mes premiers pas en chinois, ca a commence par l'apprentissage des chiffres, puis par "je suis francais", "j'ai faim", "combien ca coute ?". De temps en temps, je rencontre une bonne ame pour m'apprendre les rudiments de la langue de Confucius, telle la proprio de la guest-house ou je suis en ce moment (voir photos un peu plus loin), mais des qu'on aborde les differents sons de "she", ca se complique a mort. Palatal, qu'ils disent dans le manuel ... je vous assure que rien ne ressemble plus a un "she" qu'un "che" ou qu'un "q". A moins que ce ne soit un "x'. Ou encore un "zh" .... Par contre, la ou le vietnamien comprend 6 tons, le chinois n'en compte que 4 : Le ton normal (plutot haut), le ton montant, le ton descendant, et le son descendant puis montant. Concernant l'ecriture, inutile de vous dire que pour un esprit occidental, il est parfois complique de faire l'association d'idees composant un mot chinois. Par exemple, un toit abritant un soldat signifie un hotel. L'Ouest est represente par un oiseau dans son nid ... en effet, quand le soir se couche, l'oiseau rentre au bercail.

Pour moi, ce voyage en Chine est vraiment d'une grande richesse et les emotions sont nombreuses. Comment faire autrement que de passer plusieurs mois ici pour essayer de comprendre cette societe aux multiples facettes et a la richesse culturelle si imposante ?

Souvent, je me demande quand nous sommes. Je n'ai aucune idee du jour qu'il est depuis bien longtemps, la banque fermee me rappelant parfois qu'on est samedi ou dimanche. Les seules contraintes de temps que j'ai etant la date de fin de visa pour le pays visite. Je fais mon parcours au jour le jour, mais le temps passe ... j'ai donc decide de quitter rapidement cette region au risque d'y passer le reste de mon sejour tellement on y est bien. Je vais retourner faire quelques photos sur Lijiang que je n'ai toujours pas vu sous le soleil, puis je file sur Kunming (qui ressemble maintenant a Las Vegas, d'apres un ecossais rencontre il y a peu) avant de filer sur la province du Guizhou qui compte bon nombre de minorites ethniques dans la region de Kaili (merci Jeff !). Puis je compte me rendre sur Giulin et Yangshuo, region de montagnes karstiques du meme type que celles vues au Laos, et que je reve de visiter depuis un moment.

Mon voisin de bus, hier. Photo "volee" .... :

Quelques chiffres sur la Chine :

- Ce pays est le troisieme au Monde en superficie, apres la Russie et le Canada.

- Les projections donnent pour 2010 la population de la Chine a 1,5 milliards d'habitants. On compte 55 ethnies differentes reparties sur 50 % du territoire et representant 7% de la population totale.

- 900 millions de tonnes de charbon s'en vont en fumee tous les ans au pays du milieu, provoquant des pluies acides qui touchent 40% du territoire.

- Neuf des dix villes les plus polluees de la planete sont situees en Chine.

- Il existe ici 300 sortes de bambous.

- La Chine compte 14 millions d'enseignants. Outre les profs diplomes, on compte 3 millions d'enseignants sans formation, le tout pour enseigner a environ 230 millions d'ecoliers.

- La plus haute autorite du pays est detenue par le Comite permanent du Bureau politique du PCC qui compte 25 membres. A l'echelon inferieur, le Comite central se compose de 210 membres. Au bas de l'echelle, le Parti forme un systeme d'administration parallele a celui de l'armee, des universites, des institutions politiques et des industries. Dans chacun de ces organismes, l'autorite reelle est entre les mains du Parti.

Interieur de ma guest-house (maison traditionnelle tibetaine), et le matou de la maison :

Moulin a prieres du petit temple au dessus de Zhongdian. Celui-ci mesure une quinzaine de metres de hauteur :

Je viens a l'instant de prendre connaissance du commentaire laisse il y a tres peu de temps par "Pantoufles", et j'avoue que j'en suis reste sans voix ...

Moment de prieres :

A ce sujet, tiens, avant-hier, deux femmes et un ado m'ont demande de les aider a lancer le moulin a prieres, et bien je peux vous dire que nous avons eu toutes les peines du monde a le faire. Sa structure est faire de toles d'acier soudees et de sculptures de bois (pour les motifs).

Papys attendant une ceremonie de mariage :

Vieille femme en tenue du pays :

Lijiang, 23 Mai - La recompense

Me voici de retour a Lijiang en esperant trouver un peu de soleil (mon premier passage avait ete salue par trois jours de flotte), me voici honore par Dame Meteo (mais attention, en tout bien tout honneur, hein). L'architecture locale prend alors toute sa dimension, a travers les centaines de maisons naxi qui parsement la ville. Toutes a peu pres sont construites sur le meme schema, a savoir un mur exterieur en pierre (pour la partie basse) et en briques de torchis pour le reste, abritant les batiments de bois de couleur rouge ou en bois naturel pour certaines et au milieu, une petite cour interieure de 20 a 40 metres carres. Depuis l'ouverture de l'aeroport (il y a je crois deux ans) et pour repondre a l'afflux de touristes toujours plus nombreux (et chinois a 95%), nombre de ces maisons ont ete amenagees en guest-house ou en hotel plus ou moins luxueux. Il est a noter qu'en 1996 a eu lieu dans la region un tremblement de terre de niveau 7 et que les vieilles batisses ont bien mieux resiste que les edifices recents. Le gouvernement en a pris acte, et nombre de nouvelles maisons sont a present construites en materiaux "traditionnels" : Pierre, torchis, bois.

A gauche, maison traditionnelle naxi. A droite, etudiants en dessins

A gauche, sans commentaire. Je precise que ce n'est pas un accident, qu'en Chine tous les enfants en bas age portent ce type de vetement ouvert par le dessous. Ainsi, pas besoin de deshabiller le mome pour changer de couches. Quand il en porte. Qu'en pense Papy ?

2 etudiantes rencontrees aujourd'hui, et qui souhaitaient pratiquer l'anglais :

On s'est revus pour le lendemain matin pour un petit dej' rigolo comme tout.

Vieille femme naxi :

Joueuse de mah-jong sur un marche :

Quant a ces deux-la, a la base, je ne suis pas persuade qu'ils etaient faits pour se rencontrer ...


Kunming, 23 Mai - Il manque quelque-chose

Apres un saut de puce en avion, me voici donc a Kunming, capitale provinciale du Yunnan. 4 millions d'habitants, apres Lijiang, ca calme ... mais des mon arrivee ici, j'ai senti qu'il manquait quelque chose. Trop preoccupe par l'indicateur de batterie de mon appareil photo qui passait de "pleine charge" a "presque vide" au gre des allumages, je n'y pretais pas attention. Mais c'est sur, il manquait quelque chose. Je suis aborde dans le hall de l'aeroport par un gus qui me propose un herbergement, je l'ecoute d'une oreille distraite tout en me dirigeant vers le niveau haut pour y faire l'acquisition d'un billet a destination de Guiyang, capitale provinciale du Guizhou. Le gars me parait correct, je le suis. On prend le bus (1 yuan) pour nous rendre dans le centre, et je me retrouve dans une belle piaule pour moitie prix que le tarif affiche dans le hall. Je lui file un pourliche, il me laisse son numero de portable et on se serre la louche comme deux vieux potes qui vont se revoir le lendemain. Mais il manque quelque chose ...

Je pars me balader a la decouverte de la ville et il faut que je fasse vite car je pars demain. Matin. Je prefere consacrer du temps aux petites villes et aux villages de minorites qu'aux grandes agglomerations trepidantes. Ici, ce n'est pas Las Vegas comme l'avait dit mon pote ecossais, il avait quelque peu exagere. Beaucoup moins de neons qu'a la nuit tombee dans la ville du Nevada, et pas encore vu un seul casino. Par contre, il y a une petit Tour Eiffel, comme dans la ville du jeu. Mais decidement oui, il manque quelque chose, ici .... je regarde alentour ... les voitures, des velos, des bus, des becanes, plein de becanes, tout y est, ca trepide, ca vibre, ca klaxonne un peu, ca freine, ca tourne, pourtant, mais decidement oui, il manque quelques chose. Un peu comme si un groupe jouait un morceau sans le bassiste, un truc comme ca. Sensation etrange ... me cacherait-on quelque chose ? Mon ouie me jouerait-elle des tours ? Alors j'observe mieux, et d'un coup, je comprends : Toutes les becanes ont des moteurs electriques ! Des 3 heures passees a me promener a la decouverte de la ville, je n'ai vu que deux motos fonctionnant au petrole ! D'ou ce cote surrealiste ou la circulation, sans etre d'une densite extreme, est neanmoins assez soutenue, mais pas un bruit ne s'echappe des dizaines et des dizaines de mobylettes ou scooters qui passent.

Il manquait bien quelque chose.

Retour rapide sur mon bouquin de chinois. Mon avion avait une bonne heure de retard aujourd'hui, j'en ai donc profite pour le parcourir en detail. Alors ouvrons-le ensemble. Page 23. Vous y etes ? En bas a gauche, vous lisez quoi ? Non, plus bas, ouiiiii, la ! Alors ? Je cite pour ceux qui auraient dechire la page par accident : "Dans quel avion sommes-nous ?". Bien. Soyons lucide, analysons froidement la situation. Le mec est alle achete son billet, il a (en principe) fait enregistre son baggage, son billet a donc ete controle avant la fourniture du coupon de bord. Il a passe la douane puis il est monte a bord du zinc, son coupon de bord a donc ete verifie. Il serait donc temps qu'il se pose la question. Remarquez, il est vrai que si le coucou n'a pas encore decolle, il y a encore de l'espoir. Par contre, si on en est aux consignes de securite avant atterissage, c'est un peu loupe en cas de gourance ....

Bon, je precise tout de meme (a la lecture des reponses proposees) que la question juste aurait ete "a bord de quel type d'avion sommes-nous ?".

Quelques curiosites des ideogrammes chinois :

- Bonjour = 2 ideogrammes

- Nous sommes cinq : 7 ideogrammes

- Autobus : 4 ideogrammes

- Arret (d'autobus) : 2 ideogrammes

- Prochain arret (d'autobus) : 2 ideogrammes

Guiyang, 25 Mai - Emotions matinales

Hier matin, derniere balade tres matinale dans Kunming, et sur une des places qui emaillent la cite, je suis tombe sur une foule de pratiquants de diverses disciplines : Tai-Chi (photo de gauche), sabre, tui-shu, sabre, eventail et meme ... danse. Un monsieur d'une cinquantaine d'annees enseignait les rudiments du tui-shu a quelqu'un qui etait peut-etre son fils, et c'etait impressionnant : Cles, blocages, torsions, tout ca sans bouger les pieds de place. Seul le pied avant passait de temps et temps de la position fermee a la position ouverte, et parfois tout ca se deroulait alors que le vieux monsieur regardait ailleurs ..

A droite, a un feu rouge ...

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Maintenant, retablissons une verite : Si les chinois savent faire fonctionner leurs becanes a l'electricite, ils savent aussi faire tourner leur velo au petrole. Demonstration :

Vu hier dans un parc ou je m'etais arrete ecouter des musiciens qui accompagnaient des gens qui se relayaient pour chanter :

Cet instrument, s'il ressemble un peu au luth vietnamien, n'en est pas moins un violon a deux cordes, instrument traditionnel chinois. Meme que son petit nom est "erhu" (quand je vous disais que mon petit bouquin de chinois est bien foutu, je ne mentais pas ....). Une curiosite au sujet de celui-ci : Les cordes de l'archet sont situees precisement entre les deux cordes.

Une vue de Guiyang, la nuit ... les parisiens ne vont pas de sentir trop depayses !

Congjiang, 28 Mai - Quand toupie rime avec Papy (et autres joyeusetes)

Il y en a certains qui vont se dire a la lecture du titre d'aujourd'hui que le Gougou il a pete les plombs ... "quand toupie rime avec Papy" .... ou alors c'est l'alcool de riz ! Mais que nenni. Laissez-moi plutot vous compter une histoire, au lieu de ricaner comme vous le faites ... Il y a maintenant 2 ou 3 jours, je me promenais en fin d'apres-midi dans les rues animees de Guiyang. Au brouhaha de la circulation se melangeaient les bruits des travaux en tout genre dont la Chine semble etre la grande specialiste depuis quelques annnees (de nombreuses routes sont en cours de refection, beaucoup de batiments sont en construction, de nouveaux barrages voient le jour, etc ...). Alors quoi de plus normal que parmi ce fracas acoustique, en m'approchant sans que je m'en rende compte d'un espace vert ou quelques personnes etaient reunies pour bavarder, acheter quelques prunes aux vendeurs ambulants presents tout autour ou tout simplement attendre l'heure du diner, je distingue des claquements secs meles a des sifflements divers. Je m'approche encore, et la, surprise : Des papys (enfin, certains n'en sont pas encore) font tourner d'etranges objets sur l'espace couvert de dalles blanches. J'avoue avoir ecarquille les yeux, car je crois que decidement la Chine n'a pas fini de me surprendre. Munis de baton au bout duquel un bout de ficelle est attache, les papys lancent leur fouet en l'air et dans un claquement sec, les font retomber sur le bord de ce qui ressemble fort a la toupie de mon enfance (sauf que la mienne etait plus grosse, na na neeeere). Ces toupies sont en fait de simples cones metalliques sur lequel une fenetre a ete taillee dans le sens de la hauteur, produisant ainsi, selon l'energie qui leur est soumise et leur diametre, des sons differents mais relativement forts qui, en se melangeant, donnaient parfois l'impression d'etre sur le tarmac d'un aeroport. Je ne connaissais pas cette activite qui semble si populaire ici et quand je suis repasse un peu plus tard, vers 18h, ils etaient une bonne quinzaine de chinois a s'activer de la sorte.

Etonnant, non ?

Quand le tephone sonne dans ma piaule le soir entre 22 et 23 heures, ce n'est pas Mona Lisa Klaxon que j'ai au bout du fil. Mais ici en Chine, dans les hotels 2 ou 3 etoiles, on vous propose direct un "massage". Au debut, je n'ai pas compris, je savais simplement que la dame posait une question (utilisation du mot "ma" a la fin de la phrase). Puis un jour, en lisant une rubrique "pratique" dans mon guide sur la Chine, j'ai decouvert quelques lignes sur le sujet. Il parait que le telephone peut ainsi sonner jusqu'a trois heures du mat'. Alors on debranche, c'est plus sur !

Hier soir justement, en rentrant vers 22h30, j'ai allume la teloche pour gagner des millions. Je n'ai pas gagne un centime, mais j'ai pu voir de mes propres yeux Depardieu, Reno, Dussolier et le tres regrette Ticky Holgado causer en chinois dans le poste. Eh bien figurez-vous que nos amis du pays du milieu se debrouillent fort bien pour les doublages, je dois avouer que j'ai meme ete assez impressionne.

Pour repondre enfin a a la question de Henri (que je ne peux relire car les commentaires du blog ne sont accessibles qu'en consultation, et d'ici, les blogs sont verouilles. Je ne peux donc pas visualiser mon blog comme vous, je ne peux que le modifier), je dirais simplement que le Sud-Est asiatique et la Chine n'ont rien a voir. Si les francais sont plutot bien acceptes partout (merci Zidane et Henri), les laotiens - et dans une moindre mesure les cambodgiens pour ne pas parler des vietnamiens - ont bien plus de questions a poser sur notre pays que les chinois. Les rapports sont totalement differents, mais il faut dire qu'ici, la barriere de la langue ne favorise guere les echanges. La France fait partie de l'histoire du Sud-Est asiatique, et j'ai ete tres etonne de rencontrer autant d'inscriptions en francais au Laos. Les pharmacies, les ecoles, les hopitaux, certaines administrations sont indiquees en Lao et en francais. Ici, c'est plutot amusant car quand on prend le bus et si on veut etre sur de s'arreter au bon endroit, il vaut mieux s'entrainer a reconnaitre les ideogrammes, au risque de se retrouver au terminus. En principe, pour revenir a la Chine, tous les ecoliers chinois apprennent l'anglais a l'ecole. Aussi je me suis etonne un jour de rencontrer si peu de gens le parlant ne serait-ce que pour me renseigner sur un lieu ou je devais me rendre. En fait, j'ai appris que l'examen d'anglais qui sanctionne ces connaissances est uniquement ecrit, il n'y a aucun test oral. Parfois, je croise des enfants qui font preuve de plus de courage que d'autres et qui se lancent .... il faut alors s'armer de patience car leur vocabulaire est somme toute limitee et l'accent parfois terrible. Je sors alors mon bouquin de chinois et tout s'arrange. Ils reviennent en terrain connu ...

A gauche, joueurs de go dans une rue de kaili. A droite, reparateur de chaussures :

Zhaoxing, 29 Mai - Le village au milieu des rizieres

Arrive aujourd'hui a Zhaoxing, "plus grand village dong de Chine" parait-il. Premiers rayons de soleil depuis plusieurs jours, et balade dans les rizieres qui cernent le village. Des les premiers pas dans celui-ci, la magie opere : On croise souvent dans les ruelles etroites des paysans avec deux paniers de rotin rempli de bottes de paddy (voir photo ci-dessous). En effet, nous sommes en pleine saison de repiquage du riz et il arrive que les rizieres ou vont etre replantees les longues tiges (elles font une quarantaine de centimetres de haut, les racines une dizaine) du precieux feculent se trouvent loin des bassins ou elles avaient pousse. Ainsi, les tiges sont extraites des rizieres puis reunies en bottes. Les racines sont lavees - parfois dans la riziere elle-meme parfois a l'eau de la riviere toute proche - les bottes sont alors pretes a etre emmenees vers la riziere ou elles sont pouvoir donner le precieux feculent.

Les canards barbotent dans les bassins qui parsement le village, quelques chevaux sont arnaches et prets a partir travailler dans les champs voisins. Ils sont utilises en particulier pour retourner la terre des rizieres mises en eau avant le repiquage.

Vue de Zhaoxing. Au fond, une des tours du tambour et un des ponts "du vent et de la pluie" :

Galerie de portraits :






Zhaoxing, 31 Mai - Faut y aller

Hier soir, diner en compagnie de 3 jeunes retraites tres sympas, Marcelle, Michel et Rene. Ca parait bete, mais quand on voyage en individuel dans un pays comme la Chine, ou il est plutot rare de pouvoir s'exprimer par la parole, il est appreciable de temps de trouver a qui parler. Alors en plus quand on tombe sur des voyageurs qui concoivent le voyage comme vous, c'est d'autant plus chouette.

Parait-il que dans la region, il pleut 250 jours par an, je m'estime donc heureux d'avoir pu voir - certes un peu furtivement - un coin de ciel bleu aujourd'hui. Mais ce matin, n'empeche, malgre la bruine qui tombait, je suis tout de meme parti en balade sur les hauteurs de Zhaoxing, et quelle surprise : A plus d'une heure de marche par un petit chemin rendu boueux par les averses de la nuit passee, parseme ca et la de crotins de cheval et de bouse de boeuf, on trouve de magnifiques terrasses. Certaines sont deja pleines de nouveaux plants de riz fraichement repiques, d'autres sont simplement en eau, d'autres encore sont abandonnes.

Hier apres-midi, j'etais aller trainer dans les quelques boutiques que l'on trouve ici dans le but de me denicher une chemise de style chinois fabriquee avec un tissu local, que j'appelle le tissu "dong". Je suis revenu avec un porte-bebe. Bon, si un jour j'ai a postuler chez Prenatal, ca pourrait produire son petit effet. Pourquoi un porte-bebe ? D'autant que j'en avais deja achete un au Laos, d'origine hmong. Peut-etre devrais-je consulter un psy ? Et bien parce que si les habits traditionnels ont parfois tendance a disparaitre au profit de vetements plus communs, les porte-bebes sont toujours realises avec le plus grand soin et dans le style et les couleurs correspondant a l'ethnie auquel appartient le rejeton. Et celui que j'ai sur le dos en ce moment (mon tee-shirt n'est pas encore sec) n'echappe pas a la regle.

Demain je quitte le Guizhou pour passer dans la Guanxi voisin pour mes tous derniers jours en Chine.

Longsheng, 3 Juin - Tranche de vie ...

Dans ma guest-house de Zhaoxing, je disposais d'une petite TV qui m 'a permis de voir que la semaine derniere, a Guilin ou je me rends demain, des pluies torrentielles se sont abattues, entrainant des glissements de terrain. De fait, mon sejour a Zhaoxing (a quelque 150 km de la) fut indiscutablement place sous le sceau du seau. Le mois de Juin est tres pluvieux dans le sud de la Chine, ce n'est pas nouveau, et ce n'est pas Albert Simon qui aurait dit le contraire. Mon sejour en Chine se terminant alors 5 jours apres, je decidais de tailler la route rapidement sans m'attarder dans les petits bleds qui bordent la jolie route qui va de Zhaoxing a Sanjiang. Galere. Le premier bus qui devait aller jusqu'a un bled d'ou je devais prendre un autre bus pour Sanjiang n'ira pas jusqu'au bout, la route est coupee pour cause de pose de canalisation. Je continue le dernier quart d'heure a pied avec mon baluchon de 25 kg sur le dos (j'ai fait quelques achats a Zhaoxing ...) et mon sac photos qui en fait pas loin de 10 sur la poitrine. Puis arrive dans le patelin que je traverse en 5 mn, je me pose sur le bord de la route pour attendre le bus qui doit me conduire a Sanjiang puis Longsheng. Il est 11h30, les gus qui attendaient avec moi trouvent une becane pour les amener a destination, je me retrouve seul sur le bord du chemin. 13h30, toujours rien. Je sors ma bible du moment (mais ouais vous savez, le petit bouquin de chinois que je ne voudrais quitter pour rien au monde) et me lance : A quelle heure le prochain bus pour Sanjiang ? 14 heures me dit-on. Bon. 14h30, rien. Normal, on est en Chine sur une route perdue au milieu de nulle part, les bus arrivent quand ils arrivent, point. Il fait lourd, j'ai a peine mange. On me fait signe que non, finalement c'est 15h. Ok. 16h, toujours rien. Pendant ce temps, j'assiste aux premiers rayons de soleil depuis plusieurs jours et je suis un peu decontenance de ne pouvoir en profiter (avec un gros sac a dos, pas facile de bouger). 16h15, dans un etat de de semi-lethargie, je vois debouler vaguement un truc qui ressemble a un bus. Malheureusement, je suis mal place, l'arret du bus devait etre un peu plus haut et aucun coup de klaxon n'a precede l'arrivee du bolide. Le chauffeur ne me voit pas, et je reste comme un couillon sur le bord de la route. Je n'ai plus qu'a trouver une piaule. Elle sera miteuse, mais le repas sera succulent. Le lendemain, le bus de 8 heures est arrive a 8h15, et j'etais pret a me mettre au milieu de la route, les bras ouverts (je m'etais entraine toute la nuit) pour le faire s'arreter. Arrive a Sanjiang, je comprends que je dois changer de terminal pour aller a Longsheng. Donc je change, mais comme on ne me la fait pas deux fois, je mange d'abord. Au guichet, je demande un billet pour la ville sus-citee, on me dit "no bus". Holla, Bijou ! On se calme ... Vite, la bible. Memes maux, memes remedes. "A quelle heure le prochain bus pour Longsheng ?". 13h30. Alors ca, si ce n'est pas une information en beton, dites-moi ce que c'est. Alors un billet SVP. "No bus". Je respire fort, je prends un grand bol d'air et me dis que comme il n'est que 12h15, il est peut-etre trop tot pour acheter le billet. Je finis par lever mes fesses du banc de la salle d'attente a 13h petantes et me dirige vers le guichet. "Longsheng". Je fais court cette fois-ci, je me dis que ca peut simplifier la comprehension du bidule. "No bus". Je ne comprends plus rien a l'histoire, alors a tout hasard je balance mon joker, "wo yao mai piao Longsheng" (je precise que je m'etais aussi entraine avant). Son oeil s'eclaire alors d'une lueur d'espoir imperceptible pour quiconque n'est pas dans le desespoir le plus profond, puis elle leve un doigt pour me demander "un ?", je suis tres fatigue mais je reussis quand meme a faire "oui" de la tete. Et la, un miracle se produit : Elle pianote de ses petits doigts febriles sur son clavier et me tend un billet pour Longsheng. Je regarde le billet que je tiens maintenant dans la main d'un air incredule, en esperant que ce soit pas un billet de loto. Parce que non seulement je ne vais pas aller bien loin avec ca mais et en plus je ne gagne jamais aux jeux de hasard. C'est un vrai billet de bus, avec indiquees une ville de depart et une d'arrivee.

Ce matin, mon sac etait fait pour partir sur Guilin. Le temps pourri de ces derniers jours m'incite a quitter la ville et a me rendre sur Guilin puis Yangshuo pour mes 2 derniers jours au Pays du milieu. Mais au moment de quitter l'hotel, je vois un rayon de lumiere a travers les rideaux (ouais j'ai parfois les moyens de me payer un hotel avec des rideaux aux fenetres). Je decide donc de tenter le coup, aller visiter les fameuses rizieres en terrasse dites de 'l'epine du dragon". Je chope un bus et une heure apres j'entame l'ascension. Bonne pioche : Je ne peux pas dire que le temps fut radieux, mais la courte pluie de 10 minutes ne me fera pas oublier les merveilleux paysages dans lesquels j'ai evolue toute la journee. Il parait que ce site de rizieres est l'un des plus beaux de Chine :

Du bon usage du chapeau local :

Yangshuo, 5 juin - La Chine, c'est fini ...

Je quitte Yangshuo ce soir par bus de nuit vers Shenzhen, poste frontiere avec Hong-Kong, ou j'arriverai demain vers 8 heures. Je quitte donc la Chine avec beaucoup de regret et aussi pas mal de questions. Mais quoi que de plus normal quand on a la sensation d'avoir vu un pays par le petit bout de la lorgnette ? Je me serais beaucoup interesse aux ideogrammes qui sont - a mon sens - a la culture et a la comprehension du pays ce que les fraises sont a la creme chantilly : indissociable. Cette Chine qui possede 8 grands groupes de dialectes : Le putonghua (mandarin) , le yue (cantonais), le wu (shanghaien), le minbei (parle a Fuzhou), le minnan (hokkien-taiwanais), le xiang, le gan et le hakka. Ces dialectes se subdivisent a leur tour en multiples sous-dialectes. Du fait que le systeme de transcription est le meme pour l'ensemble du pays, tous les films chinois, par exemple, sont sous-titres en ... chinois. Et puis on compte evidemment bien d'autres langues parlees par les nombreuses minorites ethniques du pays. Il existe environ 56000 caracteres (ideogrammes), mais on estime qu'un chinois de bonne instruction peut connaitre et utiliser 6000 a 8000 caracteres. Pour lire et comprendre un journal, la connaissance de 2000 a 3000 caracteres est necessaire, meme si 1200 a 2000 caracteres suffisent pour en comprendre le sens general. Il est interessant de noter que certains dialectes ne possedent aucune forme ecrite.

Petit chose deroutante au debut, grace a des gestes particuliers le chinois compte jusqu'a 9 avec les doigts d'une seule main, le chiffre "10" etant represente en croisant les deux index, tel que le signe figure en ideogramme (+).

Enfin, j'aurais vraiment apprecie la cuisine sous toutes ses formes et dans les 3 provinces visitees, meme si les plats sont tres differents. Seul le bol de nouilles du matin ne suffisait pas forcement a remplir mon estomac habitue aux tartines de confiture qui degouline ...

Mise en ligne de photos demain (PC tres tres lent)