vendredi, décembre 30, 2005

Cambodge

Peut-etre le prof d'histoire que j'avais au college aurait du nous initier a l'histoire du Monde, je n'en aurais ete que moins cancre et plus ouvert sur ce qui nous entoure. Au lieu de ca, notre bon vieux prof, redoute de tout le college, etait visiblement un peu nostalgique de la guerre qu'il n'avait probablement pas faite. Il etait - je crois me souvenir - officier de reserve, et dans les cours, j'ai le sentiment qu'il s'entrainait a ne pas perdre la main quant a l'autorite dont il etait sense etre pourvu. Vous me direz, ce n'est evidemment pas lui qui faisait les programmes, il y a des gens qui sont payes pour ca : Les cranes d'oeuf qui sortent tout droit de notre bonne vieille ENA, machine bien huilee (c'est le cas de le dire ...) destinee a la reproduction de clones en costumes sombres qui decident toujours au mieux pour l'interet du pays, et jamais pour le leur. Enfin, sauf quand on les prend la main dans le sac. Mais je digresse ... revenons a notre prof. Je me souviens que ce qui devait lui procurer le plus de plaisir (je le soupconne meme d'avoir eu a l'occasion quelque erection discrete au moment decisif), c'etait les interros ecrites, qui etaient inmanquablement reglees comme du papier a musique : 3 questions de 5 minutes chacune avec parfois 3 minutes de rab et au bout de tout ca, sa regle en fer atterissait invariablement sur son bureau dans un fracas epouvantable, et gare a celui qui dans la seconde suivante avait toujours son stylo posee sur la feuille. Ca aurait pu valoir 3 jours de trou, mais voila, on etait a l'ecole. Pourquoi je vous parle de ca maintenant, au fait ? Peut-etre parce que je trouve que les programmes d'histoire etaient (sont toujours, je ne sais pas ?) tres mal faits. Je ne me souviens pas d'avoir appris la moindre information sur un autre pays que la France pendant un cours d'histoire. Certes, je me suis arrete au BAC, mais jusque la combien ont souffert de se coltiner les lecons sur la prehistoire, sur les Goths et les Wisigoths, les Huns, le moyen-age, le calvinisme, et j'en passe (de toute facon je ne me souviens de rien). L'histoire du Monde et la place de la France dans celle-ci ne serait-il pas un beau sujet, meme pour des eleves attardes de seconde ou de premiere dont je faisais partie ? Si quelqu'un connait un gus au ministere de l'education, il peut toujours me repondre.

Le Cambodge. On sait peu de choses du Cambodge prehistorique (c'est ici que j'aurais du etudier l'histoire, tiens ...). Il y a 6000 ans, une vaste superficie du pays etait sous les eaux, d'ou la richesse de la terre actuelle des regions telles que le Delta du Mekong. Des decouvertes archeologiques prouvent en tout cas qu'en l'an 1000 avant JC, les habitants vivaient deja dans des maisons sur pilotis et se nourissaient de poissons et de riz. L'indianisation du cambodge debuta probablement avec l'installation de comptoirs commerciaux le long de la cote meridionale du pays, l'actuel Vietnam. Un royaume important occupait la region, le Funan. Entre le 1er et le VIIIeme siecle, le Cambodge etait alors compose de petits royaumes dont le Funan faisait partie. Comme celui-ci avait un acces a la mer, il a joue probablement un grand role dans la diffusion de la culture indienne dans le pays. Des temoignages de source chinoise montrent qu'a l'epoque, la Cambodge venerait Vishnu et Shiva, deux dieux importants du pantheon hindoues, mais pratiquaient aussi le bouddhisme. A partir du VIeme siecle, l'importance maritime de l'empire du Funan declina et la population se concentra alors dans le Delta du Mekong et autour du lac Tonle Sap, ce qui est toujours la cas aujourd'hui. Ce fut l'epoque dite "Chenla". Bientot, la region gagna en cohesion et les differents royaumes formerent alors le plus grand empire du Sud-Est asiatique. Nous arrivons a la periode d'Angkor ... de 802 a 1431, date de la chute d'Angkor, plusieurs rois se succederent a la tete du royaume. Ceux-ci, d'obedience hindouiste ou bouddhiste, creerent alors des edifices selon leurs croyances, ce qui explique les different styles presents dans les temples extraordinaires de la region, dont les plus fameux se trouvent a la sortie de Siem Reap, a l'Ouest du pays. Le plus celebre d'entre eux, Angkor Wat, fut contruit sous le regne de Suryavarman II, qui demeura sur le trone de 1112 a 1152 et reste le plus grand monarque et le plus grand batisseur khmer (et accessoirement plus grand videur des caisses de l'état ...) avec Jayavarman VII, qui regna lui de 1181 a 1219. Pour bien comprendre l'importance du pays, il faut se souvenir qu'a l'epoque, l'empire khmer comprenait le Cambodge actuel, bien sur, mais aussi le sud du Vietnam (l'equivalent de la Cochinchine, le centre etant alors le royaume du Champa et le nord le Dai Viet), la Thailande et le Laos. La chute d'Angkor s'expliquerait par d'une part la lassitude de la population a toujours payer plus d'impots (tiens, deja a l'epoque?) pour le seul prestige du monarque, d'autre part par des problemes d'irrigation dus a des deforrestations trop massives dans des regions surpeuplees, et enfin par l'epuisement des carrieres de gres de la region. Par ailleurs, le royaume d'Ayuthaya (que je ne vous presente plus) prenant de l'importance, faisait frequemment des incursions en pays khmer. Ce fut alors une periode de 150 ans de guerre incessante entre les khmers et les thais. De 1600 a l'arrivee des francais, en 1863, le Cambodge fut dirige par une succession de rois qui durent demander protection soit au Vietnam soit a la Thailande, au gre des conflits ... et bien entendu de leurs propres interets. Ainsi, le Cambodge autorisa une presence Vietnamienne dans la partie meridionale du pays, dans le Delta du Mekong, car la femme du monarque de l epoque etait vietnamienne. En 1864, la France imposa un traite de protectorat au roi d'alors, Norodom 1er. L'independance du pays fut declaree par Norodom Sihanouk en 1953 et reconnue par la conference de Geneve de 1954. Malgre sa crainte des communistes nords-vietnamiens, Sihanouk voyait alors a travers la Thailande et le Vietnam deux allies serieux contre les Etats-Unis, dont il se mefiait. Ngo Dinh Diem, president fantoche du Sud-Vietnam avait ete assassine en Novembre 63, deux semaines avant Kennedy, a l'instigation de militaires de haut-rang et bien entendu avec l'aval des plus hautes autorites americaines, meme s'il semblerait qu'a la Maison Blanche a l'epoque, tous ne soient pas sur la meme longueur d'onde quant a la conduite a tenir le concernant. En 1965, Sihanouk (dont la veste doit etre bien usee a l'heure qu'il est, a force d'avoir ete retournee un peu dans tous les sens), rompt les relations diplomatiques avec les Etats-Unis qui avaient pourtant participe de maniere substantielle au budget militaire du pays, et il declare la neutralite du Cambodge (rappelons qu'a cette periode, la guerre du Vietnam est en train de couver), et choisit le camp du Nord-Vietnam et des communistes, et donc de la Chine. Il autorise l'armee nord-vietnamienne et le Viet-Cong a utiliser le territoire cambodgien. L'exasperation de toutes les classes sociales a son egard et malgre le fait que le pays le considerait (et le considere toujours) comme un demi-dieu, une revolte rurale explose en 1967, obligeant Sihanouk a adopter une politique de repression particulierement dure. En 1969, la situation politique de Sihanouk devint intenable, car hormis ses multiples hesitations et ses revirements, sa passion pour le cinema (et parait-il pour les femmes, amis chut .... sujet tabou ...) n'arrangeait rien. En 1970, au cours d'un voyage en France, sur la Cote d'Azur, ou il avait une residence, il est renverse par le general Lon Nol avec l'appui tacite des americains. Sihanouk s'exile alors a Pekin, ou il etablit un gouvernement en exil sous le controle d'un mouvement revolutionnaire qu'il nommera lui-meme khmer rouge. Lui, le demi-dieu, enfantant et encouragenant un mouvement qui allait engendrer une des plus cruelles et des plus sanglantes repressions du XXeme siecle .... Les khmers rouges, mouvement issu des classes sociales defavorisees et surtout de la paysannerie, profite de cet appui pour attirer de nouvelles recrues. Pendant ce temps, Lon Lon exige le retrait des troupes vietnamiennes de son pays. Le 30 Avril 1970, les forces americaines et sud-vietnamiennes envahissent le Cambodge dans le but de chasser les 40000 soldats nord-vietnamiens et viet-congs. En Juillet 1970, les vietnamiens s'emparent des temples d'Ankgor, ultime humiliation quand on connait l'attachement des cambodgiens a ce site sacre. Les combats font rage pendant plusieurs annees, et le regime corrompu du general Lon Nol poussa les khmers rouges a accentuer encore la pression sur celui-ci. En Avril 1975, Lon Nol s'enfuit a l'etranger. Le 17 Avril, deux semaines avant la chute de Saigon, les khmers rouges entrent dans Phnom Penh .... alors l'enfer commence. Les khmers rouges mettent en place un systeme jamais realise par aucune societe jusqu'alors. Les villes sont videes de leurs habitants, Phnom Penh devenant une ville-fantome. Des millions de cambodgiens sont pries de quitter leur maison, "simplement pour quelques jours, n'emmenez que le strict necessaire" (sous le pretexte qu'un bombardement americain va avoir lieu) et se retrouvent alors pour un exode et une cohue indescriptibles sur la route, les membres d'une meme famille etant parfois separes tant le flux de personnes est enorme. En toute, on abandonne velos, voitures (c'est devenu tres suspect d'avoir une voiture), sacs trop encombrants ... cela dure des jours, et personne n'a alors idee de l'endroit ou on les emmene. Puis c'est l'installation "a la campagne", dans des camps ou on est etroitement surveilles. Les biens sont confisques (argent, montres, bijoux) et sont recuperes par "l'Angkar", l'organisation. Commence alors une veritable epuration : Tous les anciens ayant appartenu au regime de Lon Nol sont bien entendu executes dans les heures qui suivent l'entree des khmers rouges dans Phnom Penh. Les medecins, les professeurs, les intellectuels, de maniere generale tous ceux qui portent des lunettes (consideres comme intellectuels) sont emmenes a quelques pas du village sous un pretexte quelconque. On ne les revoit jamais. Les ecoles sont supprimees, le droit de culte egalement, l'argent est aboli. Des seances d'auto-critiques sont organises dans chaque village, devant tous les habitants reunis pour l'occasion, et les interrogatoires sont nombreux et sans concessions. Tout le monde doit travailler au champ, enfants et malades compris, parfois 12 ou 14 heures par jour. La nourriture n'est pas suffisante, alors on meurt de faim, partout dans le pays. A partir de 1973, une veritable epuration a egalement lieu dans les rangs communistes eux-memes, a l'image de la prison de Tuol Sleng (plus connue sous le nom de S21, et mis a l'ecran l'annee derniere par Rithy Panh), qui servira de centre de torture pour des gens (parmi eux de nombreux cadres communistes) a qui on demandait de reconnaitre des mefaits imaginaires, et a reconnaitre des "idees contre-revolutionnaires" (et il en fallait peu ...). Une fois que les "aveux" etaient complets et les depositions signees, on les emmenait alors au champ de "Choeung Ek" afin de les executer a coup de matraque au bord du trou, les balles coutant trop cher. Au yeux de Pol Pot, les khmers rouges n'etaient pas un mouvement unifie mais plutot des factions qu'il convenait d'epurer. Rajoutons a cela une bonne dose de parano, et vous avez une machine infernale.

J'ai lu plusieurs bouquins sur tout cela, dont un ecrit par le specialiste incontestable et inconteste du Cambodge, David Chandler. Il decrit les mecanismes intellectuels qui ont pousse les dirigeants khmers rouges a ouvrir la prison S21 et a supprimer tous ces gens qui n'avaient rien a se reprocher, c'est une etude vraiment tres interessante et fort bien documentee. Il faut egalement lire des temoignages de gens qui sont revenus de l'enfer khmer rouge (non pas de la prison, je crois qu'il n'y a pas plus de 5 personnes qui en sont ressorties vivantes).

En Janvier 1979, le Vietnam libere (ou envahit, c'est selon ...) le Cambodge, mettant fin a presque 4 ans de massacres et de famine. Sur une population d'un peu plus de 7 millions d'habitants en 1970, on estime a entre 1,7 million et 2 millions (certains cambodgiens parlent de 3 millions) le nombre de morts dus au regime khmer rouge, soit plus du quart de la population : Morts de faim, executions, disparitions. Tout cela aux yeux du monde entier et en particulier des Nations Unis. Assez curieusement, bon nombre de dirigeants khmers rouges avaient recu une formation de professeur ou d'instituteur. Le celebre Dutch, qui dirigeait S21, etait prof de maths et de nombreux autres enseignaient dans les ecoles du pays, et beaucoup d'entre eux avaient use le fond de leur culotte sur des bancs d'ecoles francaises ou ils etaient venus etudier, et pas toujours le marxisme-leninisme comme je l'ai dit plus haut. La guerre civile prit fin ici dans les annees 90, sous la houlette de l'Apronuc (Autorite PROvisoire des Nations Unies pour le Cambodge), qui eut neanmoins un comportement pour le moins ambigu, et qui reagit en tout cas bien tardivement, c'est le moins que l'on puisse dire.

Qu'en est-il aujourd'hui de cette periode douloureuse ? Certains attendent legitimement un proces qui traine a se mettre en place. On attendait les fonds necessaires a sa tenue, c'est je crois chose faite. J'ai lu la semaine derniere dans "Cambodge Soir", un quotidien en langue francaise, que le Japon venait de verser les 21 millions de dollars qu'il avait promis. Certains prefereraient une sorte de debat de "reconciliation nationale", afin de mettre les choses a plat une bonne fois pour toutes, mais de nombreux anciens khmers rouges sont aujourd'hui tres proches du pouvoir en place. Ce qui est sur, c'est que le peuple khmer a grand besoin de justice, d'autant que certains doivent maintenant vivre a cote de leur ancien tortionnaire ...

Allez, un peu de ciel bleu, maintenant. Mon arrivee hier dans le ciel cambodgien :






Phnom Penh, 2 Janvier - Ciels !

La temperature du Cambodge a endormi mon neurone, je le laisse donc en paix un moment, le temps qu'il se refasse une sante. Ce matin, j'etais assis tranquillement sur le rebord du parapet qui borde le fleuve Tonle Sap, un des cours d'eau qui traverse la capitale cambodgienne (le Mekong est a quelques encablures, ainsi que le Bassac) et je contemplais une fois de plus le ciel qui etait d'une magnificiance incroyable. Il semblait etre compose d'une fine couche de creme chantilly, d'un blanc si pur que j'avais tres envie d'y rajouter de la confiture de groseille dedans et d'y plonger les doigts. Les nuages semblaient comme etires par des mains invisibles dans des contorsions bizarres, partant ca et la en derapage incontrole, montant au loin toujours plus haut en une onde courbee parfois tenduee a la limite du possible, parfois distendue et eclatant en autant de filements, offrant a mes yeux une vision d'apocalypse etrange. Je fus arrache a ma contemplation par Sok, un cambodgien d'une soixantaine d'annees, qui parle ma foi admirablement bien le francais. Il m'a raconte comment au petit matin du 17 Avril 1975, il etait parti sur les routes avec tant d'autres, pousse par les fusils des khmers rouges qui lancaient des regards severes et menacants. Puis le camp a la campagne pendant 4 longues annees de penitence, la perte de parents, puis debut 1979 le retour a la ville dans une maison qui n'etait pas la sienne. la sienne avaitt ete Il m'a raconte comment le vietnamiens, qui sont entres pour "liberer" le pays et qui savaient ou se trouvaient les stocks de bijoux faits par les khmers, confiscation des biens de personnes du "peuple nouveau" (ainsi etaient appeles les gens deportes qui arrivaient des villes en opposition au "peuple ancien", gens pauvres des campagnes generalement soumis a la cause khmere rouge), et qui sont alles se servir avant de repartir chez eux, au Viet Nam. Nous sommes finalement alles prendre une soupe et avons partages nos sentiments sur l'evolution des moeurs au Cambodge, qui evoluent au gre des films retransmis par CNN ou d'autres chaines satellitaires. Puis il m'a invite chez lui, a partager son maigre repas. Il tenait beaucoup a me presenter a son fils d'une vingtaine d'annees, qui fait de la photo. Apres quelques echanges sur notre facon de voir le Monde, il m'a explique qu'une exposition d'art regroupant des photographes et des peintres venait juste de se terminer, il y exposait justement quelques travaux. En consultant la liste des personnes presentes a cette expo, j'ai vu un nom qui m'a interpelle : Vann Nath. Aussi je lui en parlais, et il m'a confirme ce dont je me doutais : Vann Nath est bien celui qui, de 75 a 78, a ete recrute par l'autorite khmere rouge pour peindre les atrocites du camp de torture S21, un des dix survivants de cet enfer encore en vie. Il m'a dit qu'a present, il devait avoir dans les 70 ans et que meme 25 ans apres, il ne pouvait toujours pas peindre normalement, il etait hante jour et nuit par des visions dont on s'imagine qu'elles doivent etre terribles. Et puis Sok m'a aussi explique sous quel pretexte, avant-hier samedi, on avait arrete le directeur du centre des droits de l'homme du Cambodge, Kem Sokha, au siege meme de son organisation. Et puis aussi pourquoi le principal opposant au regime corrompu de Hun Sen, premier ministre mais aussi ancien haut dignitaire khmer rouge, pourquoi cet opposant actuellement en exil en France (Sam Rainsy), a ete recemment accuse par le gouvernement de calomnie et a ete condamne a 1 an1/2 de prison (il vient d'envoyer sa lettre de demande de grace au nouveau roi, Norodom Sihamoni, le fils de Norodom Sihanouk).

Devant regler un probleme de visa pour le Viet Nam, je suis parti apres dejeuner mais avons promis de nous revoir le lendemain. Je suis sur d'apprendre encore beaucoup de choses sur le Cambodge ...

Quelques photos prises hier et aujourd'hui. Mon ami Benoit, s'il regarde ce blog de temps en temps, reconnaitra dans un petit coin de la deuxieme photo la maison de son enfance ....

Phnom Penh, 3 Janvier - Sans commentaires

Toujours a Phnom Penh, le temps que mon probleme de visa pour le Viet Nam se resolve. J'avais demande un visa pour le 25 janvier, afin d'aller feter le TET avec mes amis, mais on m'a fait savoir a l'agence ou j'avais depose mon passeport qu'a l'ambassade ils "avaient trop de travail" et que le visa partait a partir du 3 Janvier. Aujourd'hui. Mauvaise pioche. Je leur ai donc dit qu'ils n'avaient pas fait leur travail, que ce visa ne me servait a rien et que donc je ne paierai pas. Retour du passeport a l'ambassade (fermee hier a cause des fetes, parait-il) , et en principe je le recupere demain. En attendant, visite ajourd'hui de la prison S21. Je vous donnerai quelques infos un autre jour sur le fonctionnement de cet ancien lycee reconverti en centre de torture pour les besoins de la cause khmere rouge, pour aujourd'hui je me contenterai de quelques photos qui de toute facon parlent d'elles-memes et diront bien mieux que moi ce qui s'y est passe durant le regne de "Pol Pot et de sa clique", pour utiliser le terme employe ici.

Photo de gauche : Une des salles d'interrogatoire (le centre en comptait une petite dizaine)

Photo de droite et suivantes : Prisonniers ...





Phnom Penh, 4 Janvier - S21, fin - 1 mariage, 2 anecdotes et beaucoup de pauvrete

Je reviens rapidement sur S21. Le camp comptait 1720 employes. Cela allait du garde au cuisinier, en passant par le peintre, le menuisier, l'interrogateur, le bourreau, l'archiviste, etc. Il n'y avait pas de service medical, les soins (?) etaient donnes par des personnes non qualifiees et souvent des enfants. Les prisonniers du centre etaient bien entendu en majorite cambodgiens, mais aussi australiens, anglais, canadiens, pakistanais, indiens, americains, neo-zelandais, vietnamiens, laotiens. Il s'agissait d'ouvriers, de fermiers, de professeurs ou instituteurs, d'etudiants, de techniciens, d'intellectuels, et meme d'anciens ministres et de diplomates. Generalement, la famille complete du suppose coupable etait "raflee", du plus petit au plus grand, y compris les bebes (dont le traitement etait particulier, mais je ne le detaillerai pas ici), et etait exterminee apres que leurs membres eurent fait des depositions qui allaient dans le sens de ce que l'Angkar souhaitait entendre. Lorsque les vietnamiens entrerent dans le camp en janvier 1979, ils trouverent un certain nombre de documents dont les registres comportants le nom des prisonniers ainsi que de nombreuses depositions. Tous ces prisonniers etaient gardes par des agents de securite, filles et garcons, qui etaient ages de 10 a 15 ans. Il est donc clair que certains momes etaient conditionnes des leur plus jeune age avant d'etre selectionnes par les khmers rouges pour effectuer ce sale boulot. Et ils etaient particulierement cruels. On estime a 1500 le nombre moyen de prisonniers presents au centre, et la duree d'emprisonnement depassait tres rarement 4 mois. Certains prisonniers politiques furent enfermes entre 6 et 7 mois, et je rappelle qu'il y a eu moins de 15 survivants a S21 sur les 17000 estimes a y avoir ete tortures. Avant d'etre enfermes dans des cellules communes ou individuelles (ces dernieres font 1 m sur 2), avec des fers au pied, les prisonniers etaient photographies et le detail de leur biographie etait enregistre ainsi que la date de leur arrestation. Ils dormaient a terre, sans matelas ni moustiquaire ni couvertures. Rien. On les levait a 4h30, ils etaient fouilles, puis apres quelques exercices matinaux (les pieds toujours attaches aux barres de fer), ils retournaient en cellule. Les interrogatoires pouvaient commencer, avec une mise en scene que je ne souhaite pas non plus detailler ici.

Hier soir, j'ai dine chez Sok en presence de sa famille, ce fut un repas tres sympatique, j'ai eu droit a un petit echantillon de la cuisine cambodgienne : Grenouilles au gingembre, soupe de porc et pommes de terre, boeuf au soja, et tofu servi avec une sauce excellente. Avec Sok nous sommes devenus inseparables, et nous nous sommes revus ce matin pour une soupe sur les quais. Il m'a presente Jacques, retraite francais vivant a PP depuis maintenant 3 ans, chez qui j'ai ensuite ete invite a boire un coup. A cette occasion, j'ai eu droit a quelques anecdotes : L'ouvrier cambodgien appele pour poncer une porte qui frottait sur le sol et qui, par manque d'outils et profitant de l'absence de Jacques, se sert du .... hachoir a viande pour raboter la porte. Le meme ouvrier qui, voulant a tout prix etre l'heureux elu pour realiser les travaux que Jacques souhaitait entreprendre chez lui, lui propose un devis a 400 dollars ..... sans avoir jamais eu connaissance de la nature des travaux a effectuer.

Ce matin, il y avait un mariage non loin de mon hotel, j'ai donc essaye d'en savoir plus sur ces ceremonies. Les mariages traditionnels sont arranges entre familles, mais cela tend a disparaitre, comme un peu partout d'ailleurs. Au Cambodge, et contrairement a l'Inde avec la dote, ce sont les parents du fils qui doivent rassembler de l'argent pour l'offrir a la famille de la future epouse. La somme de 2000 ou 3000 dollars peut etre atteinte, ce peut etre parfois beaucoup plus pour les familles tres riches, voire parfois rien du tout pour les plus demunis. Le mariage commence le premier soir, en compagnie de bonzes, et il y a generalement de la musique et des petites scenetes sont jouees. On offre alors un peu d'argent, en fait souvent le prix du repas (environ 10 USD). Puis le lendemain, des 5 heures du matin, les invites commencent a arriver, car on se reunit dans la famille de la mariee avec la sono reglee sur "Max" (c'est du vecu) et on partage le dejeuner. C'est le moment des cadeaux, qui peuvent tout simplement prendre la forme d'une corbeille de fruits. Plus tard vient la seance photos, puis les maries partent au restaurant pour accueillir les invites pour le repas du soir.

Le Cambodge est pour le moment le seul pays ou je vois des gamins attendre que les touristes se levent de table pour se precipiter et piquer la rondelle de tomate negligemment oubliee sur le bord de l'assiette ou pour sucer l'os sur lequel il reste un malheureux bout de viande. Ici a Phnom Penh, il n'y a absolument rien pour occuper les enfants pendant leur temps libre : Pas de centre de loisirs, pas de piscine, pas de stade, et le cinema est cher. Alors certains tombent dans le desoeuvrement le plus total, et se donnent par exemple rendez-vous chez le reparateur de mob pour sniffer, quand ce n'est pas pire, et tout ca a deux pas du marche central. Sur le bord du Tonle Sap, j'avais ete tres etonne quand j'etais venu la premiere fois me balader le matin a la fraiche, de croiser un petit cambodgien aux cheveux blonds ... Sok m'a explique que la nuit, certaines femmes viennent ici se prostituer contre une somme derisoire, il m'a parle de 2000 ou 3000 riels, ce qui ne represente meme pas un dollar. Ce petit blondinet serait donc ne d'une relation de cette nature. Moi-meme, quand je profite de la fin de journee au dessus du fleuve, je suis regulierement aborde par de charmantes khmeres qui entament d'abord la conversation sur des sujets divers avant de me faire comprendre qu'elles ont tres faim et qu'elles peuvent se devouer pour un "massage boum boum" ... mais je ne suis pas un bon client pour ce genre d'activites !

Kampong Cham, 5 Janvier

(Photos sans rapport avec le texte suivant)

Me voici enfin parti de Phnom Penh, apres avoir recupere mon passeport hier. Un derniere balade sur le quai Sisowath, au cours de laquelle j'ai pu constater que des la fin de l'apres-midi, cet endroit concentre presque tout ce que la terre entiere peut produire en terme de population : Des vendeurs de ballons a l'air persuades qu'ils n'en vendront pas un seul de la soiree, des femmes portant des enfants - pas forcement le leur - pour quemander le sou, des handicapes venant la pour les memes raisons, des gamins de 4 ou 5 ans portant des enfants encore plus jeunes dans leurs bras (Sir, miam miam ...), un touriste interessant (je crois malheureusement qu'il est bien de chez nous), pantalon vert bouteille avec maillot marron clair tres pres du corps, pour bien voir son marcel, la veste savamment posee sur l'avant-bras (ca se rafraichit un peu le soir, il ne fait plus que 30 degres a 22h), chaussures blanches. Bras legerement ecartes du corps, les epaules entrainees dans un balancement tres travaille, au cas ou les filles aient encore des doutes. Sortant soudainement son peigne de sa poche arriere pour tenter de ramener quelques cheveux vers l'avant, histoire de cacher l'incachable, tout en tournant la tete de gauche et de droite pour voir si on le remarque. Ben ouais, on le remarque, ca pour le remarquer on le remarque. Il ne lui manque que la demarche a la Aldo, mais on sent qu'il n'en est pas tres loin .... Et puis il y a aussi des etudiants qui viennent profiter de la presence d'etrangers pour pratiquer leur anglais ou leur francais (le Cambodge est sense etre francophone), des jeunes enfants proposant des boissons ou des bouquins mais qui restent parfois plus de 30 mn assis a papoter avec des touristes, 2 autres enfants, hilares, qui font "hello"a tout le monde avec un sourire a se decrocher la machoire, un original deguise en gardien de parking, costume gris, casquette et badge assorti, qui joue du sifflet avec virulence histoire de jouer le role qu'il reve peut-etre d'avoir, tout ca sous le regard amuse d'un public se regalant de telles frasques, des enfants encore, sales et debrayes, sac de colle a la main, 2 touristes sortant d'un hotel de luxe regardant precautioneusement ou ils mettent les pieds, les yeux rives au sol (c'etait bien Phnom Penh ? Euh ... oui, on en a profite pour choisir le carrelage de la salle de bains), des khmers nonchallants venus prendre le frais, des jeunes filles par groupe de 3 ou 4, qui ont l'age de la prise de conscience de leur seduction et qui viennent voir si ce que l'on dit c'est vrai, une touriste en mal de male et reluquant les hommes seuls (ca m'a fait drole, j'avais l'impression d'etre le dernier modele de chez Toyota expose dans une vitrine), un elephant transformiste deguise en panneau publicitaire, un grand costaud qui rentre de son footing, des femmes se deplacant sur de hauts-talons et regrettant visiblement de ne pas plutot avoir achete des tongues (c'est moins classe), un grand deglingue si deglingue qu'on a l'impression qu'il va trebucher a chaque pas, des hommes marchant cote a cote et se tenant la main, comme c'est la coutume en Asie pour les bons amis, et une diseuse de bonne aventure qui certains jours doit l'avoir mauvaise.

Photo d'une maison traditionnelle dans la campagne cambodgienne

Kampong Cham, 6 Janvier - Chaud devant

Arrive hier a Kampong Cham, j'ai decide d'y rester une journee de plus apres la balade que j'ai faite hier avec Tra, un khmer rencontre en descendant du bus. Il m'a loue sa becane, j'ai pu ainsi passer une journee encore extraordinaire. Apres avoir pris ce qu'il appelle le ferry, en fait 2 bateaux mis cote a cote et relies par des planches de bois, je me suis rendu sur l'ile voisine. De magnifiques maisons y sont construites, et les nombreuses petites routes qui serpentent sur l'ile sont toutes plus sympatiques les unes que les autres . Eucalyptus, manguiers, jacquiers, bambous, kapokiers, bananiers jalonnent longent les champs de tabac qui se perdent dans le lointain, jusqu'aux cours d'eau, nombreux, qui m'obligent a suivre un chemin bizarre, a tel point que je decide de me perdre et de voir plus tard, quand ce sera l'heure de rentrer. Je tombe finalement sur un village de pecheurs avec une petite mosquee en plein milieu. Je decide de m' y arreter un moment, et bien sur je suis petit a petit entoure de gamins. Je commence d'ailleurs a me demander si je ne vais pas m'acheter une methode de khmer, car je suis frustre de ne pouvoir echanger ne serait-ce que quelques mots avec les gens qui me recoivent ou m'abordent toujours si gentiment. Au Cambodge, 80% de la population habite en milieu rural. Jusqu'a present, je n'ai vu aucun engin a moteur dans les champs. Ici, c'est le domaine du boeuf ou du buffle et de la bonne vieille herse sur laquelle le paysan est juche, ainsi que du cheval et de la carriole. Les chevaux, de petite taille, portent au niveau du cou un collier plat sur lequel est attache une pointe servant a planter ce qui ressemble a un plumeau avec parfois un pompon qui se balance de gauche et de droite au rythme de l'animal. Dans les champs, une herse a peigne est egalement utilisee, semblant parfois venir tout droit de l'heritage d'un aieul desormais oublie. Malgre le fait que les cours d'eau soient relativement loins des maisons, ici tout le monde a sa barque a portee de main, preuve que la saison des pluies doit etre terrible dans la region. Il a d'ailleurs beaucoup plus la nuit derniere (encore un message code pour Doro), mais juste une nuit, et j'ai pu constater comme il etait parfois difficile de maintenir la becane dans le droit chemin. Tiens, par curiosite, vers 14 heures, j'ai mis mon reveil-thermometre (que j'avais demande avec seche-linge incorpore mais le modele etait malheureusement epuise), je l'ai mis au soleil, sachant qu'il faisait deja 33 dans ma poche (droite, demain j'essaie la gauche, pour voir). Ca affichait 46 degres.

Jeune fille au village musulman et plantations de tabac derriere une riziere


Kratie, 8 Janvier

Je ne suis arrive qu'hier dans cette bourgade de 80000 habitants qui borde le Mekong et deja, j'ai des images plein les yeux et des souvenirs plein la tete. Ma rencontre avec des moines bouddhistes hier, avec lesquels j'ai passe une partie de l'apres-midi, fut des plus enrichissantes.

Cette region est relativement peu frequentee, seulement par quelques voyageurs qui veulent se rendre au Laos, a 300 km plus au nord, et qui passent l'apres-midi ici, histoire de faire une halte entre Phnom Penh et la frontiere. Cela peut etre egalement l'occasion d'aller faire des papouilles sur le museau des derniers dauphins d'Irrawaddy, espece menacee d'extinction, et dont 80 a 100 representants vivent dans le Mekong, a une trentaine de km de la ville. J'ai prevu ca pour demain matin.

Desole, ce soir, je donne pas mal dans le "coucher de soleil sur le Mekong" ... mais la tentation etait trop forte. Je suis sur que ces bien jolies couleurs vont vous apporter un peu de chaleur, il parait que vous en avez besoin.

Quelques mots sur le roi actuel du Cambodge. Son nom est Sihamoni, qui viendrait de SIHAnouk (son pere) et MONIque (sa mere). Avant d'acceder au trone, il y a je crois six mois, celui-ci etait ... danseur classique. J'avais d'ailleurs lu un article dans le journal qui racontait qu'il n'etait pas tres chaud pour monter sur le trone, mais sous l'insistance de son pere ... Je reviendrai plus tard sur la passion de Sihanouk pour le cinema, car c'est assez cocasse.

Phnom Penh, 17 Janvier - Retour du Ratanakiri - Ecrit en partie le 11 janvier (extrait de mon carnet de voyage)

Lever a 5h30 douche froide, et direction le resto de Mr Tang, khmer d'origine chinoise ayant vecu 2 ans en France en tant que cuisinier. Ses plats sont delicieux, son petit dejeuner ma calera surement l'estomac. Il me signale qu'un bateau part tous les matins pour l'extreme Nord-Est du Cambodge, a Siem Pang exactement. J'avais prevu de partir en taxi collectif pour Ban Lung, mais je me decide au dernier moment de sauter sur l'occasion, sans trop savoir comment ralier ensuite Ban Lung. Il est 7h30, me voici sur le rafiot, seul touriste parmi les cartons de victuailles, les sacs de fruits et de legumes divers, quelques sacs de ciment poses sur le fond et servant de siege ou d'accoudoirs aux personnes installees a l'avant du bateau, un caisson frigorifique qui n'a plus de frigorifique que le nom mais surement plus la fonction (quoique ...), un carton de cigarettes "Alain Delon, Best Tobacco". Si notre Alain national est la reference de la France au Cambodge, je commence a comprendre pourquoi la francophonie se porte si mal ici ....

Un moine contemplant une montre magnifique, visiblement objet d'un achat recent mais surement destine a un cadeau (un des fondements de la philosophie bouddhiste n'est-elle pas le renoncement a tout desir materiel ?), des familles aux enfants souriants et encore un peu endormis, un autre moine arrivant au dernier moment avec un attache-case (et me faisant speculer sur son contenu). Et une ventouse. Une ventouse, c'est quelqu'un qui vous tient la jambe pendant des heures sans se demander si ce qu'il vous dit vous interesse. Apres qu'il m'eut dit au moins 50 fois "America, France, similar", je decide de lui faire comprendre que "ben nan, pas vraiment", mais il remet ca. Je me tourne alors pour essayer d'avoir un peu de tranquillite, mais il continue a parler. Je me plonge alors dans mon carnet de route et ecris, ecris, ecris ..... il finit enfin par decrocher, peut-etre epuise par ces longues heures d'incontinence verbale. Pendant ce temps, le bateau remonte le fleuve a contre-courant, evitant les fremissements de l'eau annoncant des rochers affleurant la surface. J'apprendrai ensuite que pendant la saison seche, le pilote du bateau est oblige de confier la barre a un pecheur de la region, sense bien mieux connaitre les pieges a eviter. Cependant, tout au long de cette journee merveilleuse, notre pilote fera montre d'une grande dexterite.

Soudain, au loin, une frange d'eau fretillante barre tout le fleuve .... le pilote baisse le regime moteur, le bateau s'approche ..... on scrute les vagues .... le pilote repere un petit trou de souris, laisse le bateau deriver doucement de travers, puis redresse doucement la barre pour remettre le bateau dans le sens de la marche. Je me retourne, regarde le pilote, echange de sourires .... il a l'air de prendre plaisir a se jouer des pieges de Dame Nature. Tout le voyage se deroule dans une atmosphere bon enfant, quelques personnes montent et descendent au gre des villages que l'on devine plus que l'on ne voit, au dessus des berges. Une mere cherche les poux dans la tete de sa fille, et visiblement elle en trouve. Qu'elle depose delicatement sur le fond d'une gamelle.

Plus tard, la meme femme ouvre une boite en plastique et en sort une feuille de betel, qu'elle pliera soigneusement pour mettre dans sa bouche apres l'avoir badigeonne d'une pate blanche, accompagnee d'une noix de ce meme betel. Sa petite fille de 6 ou 7 ans l'imitera quelques minutes plus tard. Le paysage se deroule sous mes yeux emerveilles ..... les bambouseraies sont luxuriantes, les longues tiges montant haut dans le ciel pour redescendre dans un panache de points jaunes et verts.

A la surface de l'eau, les vagues aux reflets argentes dessinent des motifs aux formes arrondies, me rappelant parfois les plis de la robe d'une danseuse de flamenco en etat de grace.

En fin de journee, nous assistons de loin, sur les bords du fleuve, a la toilette quotidienne des habitants de la region. Il est presque 17h30, et j'espere que l'arrivee est proche, car la nuit tombe et je me rememorre les histoires d'accidents sur le Mekong causes par les pilotes de bateau rapides un peu trop intrepides allant ecraser leur rafiot sur des rochers invisibles de nuit. 15 minutes plus tard, nous sommes arrives.

J'ai donc passe presque 10 jours dans la region qui s'appelle le Ratanakiri, dans le Nord-Est. Region poussiereuse que j'appele "la region des arbres qui pleurent", tant les forets d'arbres a caoutchouc sont nombreuses. Dans toute cette region, il n'y a pas d'eclairage public, a Siem Pang l'electricite fonctionnait de 18h a 21h en tout et pour tout .... Et surtout, les routes ne sont pas goudronnees. Je sortais de ma douche le soir apres m'etre frotte vigoureusement, mais la serviette n'en etait pas moins rouge quand je m'essuyais. Le soir, a la lumiere des phares de voitures ou de motos, la ville de Ban Lung semblait plongee dans un epais brouillard. Ce n'etait que de la poussiere ...

Je pars demain pour Pursat, point de depart pour une ville flottante qui a la particularite de ... ne jamais etre au meme endroit. En effet, selon le niveau du lac Tonle Sap (je reviens bientot sur l'etrange comportement de ce lac qui est un peu le poumon du Cambodge), la ville se trouve a quelque 35 ou 45 km de Pursat ...

Battambang, 19 Janvier - Une petite histoire et deux photos

Changement de programme ... a l'heure ou j'ai pointe mon museau hier matin, plus de bus. Et apres un examen attentif des jours qui me restent a passer au Cambodge, je decide de filer directement vers Battambang, retrouver une amie rencontree l'annee derniere, et le choix du mode de transport se porte vers le pick-up, que je n'ai pas encore essaye. Le voici donc avant le depart (tres exactement 2h15 avant ...) :

Quelques gamins, alertes par le son caracteristique de la cloche, s'approchent et annoncent ce qu'ils veulent. Le vendeur descend alors de son velo, deplie la bequille, puis se saisit d'une planchette sur laquelle est fixe a l'aide de 4 clous un petit bloc de glace. Il s'evertue maintenant a frotter le bloc sur rien de moins qu'un rabot plutot artisanal monte a meme le cadre du velo. La glace rapee ainsi obtenue est alors posee sur une planche puis aplatie avec la paume de la main, facon steak hache chez nos grand-meres (maintenant c'est une machine qui fait ca, comme quoi il y a de l'avenir pour celui qui inventera un jour prochain le couteau reglable a couper les deux cotes d'un haricot). Il lui enfile maintenant un batonnet puis, selon le choix du mome, il prendra 2 des 3 bouteilles de "colorant" (est-ce autre chose ?) qui sont posees contre le caisson frigorifique, lui-meme pose a l'arriere du velo, et versera un peu de leur contenu sur le morceau de glace, donnant a la chose une couleur jaune/rouge. ou vert/jaune, ou rouge/vert.

Il ne lui reste plus qu'a tendre cet objet de tant de convoitise au gamin aux yeux emerveilles pas tant de clinquant ....

C'etait sur le marche de Ban Lung.

Demain soir, je suis convie par un moine bouddhiste a aller animer une classe d'anglais, je lui ai promis que je viendrai. Ca va donner ...

Photos prises aujourd'hui :


Battambang, 20 Janvier - Le lac Tonle Sap et du bonheur, encore ...

Chose promise chose due, voici donc quelques explications sur le lac Tonle Sap (Tonle veut dire "lac" en khmer, mais le fleuve qui l'alimente porte le meme nom). Ce lac, le plus vaste d'Asie du Sud-Est, alimente en poisson et en eaux d'irrigation la moitie de la population cambodgienne, soit un peu plus de 6 millions de personnes. De la mi-Mai a debut Octobre (ce qui correspond a la saison des pluies), le niveau du Mekong augmente, refoulant les eaux du fleuve Tonle Sap dans le lac, inversant son cours vers le Nord-Ouest. La superficie du lac passe alors de 2500 km2 a 13000 km2 et sa profondeur passe de 2,20 m a plus de 10 m. En Octobre, lorsque le Mekong amorce sa decrue, le fleuve reprend son cours normal et draine ainsi les eaux vers le Mekong. Selon les specialistes, la migration des poissons du Tonle Sap vers le Nord contribuerait ainsi a repeupler les cours d'eau jusqu'en Chine. Il suffit de se pencher sur une carte de la region pour voir que c'est tout de meme assez impressionnant. Neanmoins, la deforestation et les barrages en amont menacent dangereusement cet equilibre devenu precaire. Le scenario qui prevoie l'envasement des parties les moins profondes du lac aboutirait a des consequences extremement graves pour le Cambodge, bien sur, mais aussi pour le Viet Nam voisin.

Journee fort sympatique aujourd'hui. La ville de Battambang, la deuxieme ville du pays en taille, est tres agreable et son ancien quartier colonial, ou je loge, lui donne une allure de vieille bourgade au charme un peu desuet.

Une amie m'a fait part il y a quelques jours de son etonnement quant au fait que je passais sous silence un des aspects les plus frappants du Cambodge : La gentillesse de ses habitants, leur sourire naturel, celui qui vient du coeur. Honte a moi .... et justement, c'est bien le risque quand on voyage dans un pays ou une region que l'on connait : Oublier l'essentiel, simplement ...

Alors pour me faire pardonner de cette impardonnable erreur (!), je vais laisser parler quelques photos prises aujourd''hui. Tous ces sourires, c'est aussi pour vous dire mon bonheur d'etre ici, de pouvoir prolonger mon sejour a Battambang de deux jours car j'en ai envie, simplement. Sachez que ces sourires vous sont egalement adresses, a vous qui me suivez depuis le debut dans ce periple. La cinquieme photo a ete prise a la sortie du cours d'anglais que j'ai anime a la pagode, en compagnie du prof habituel et du meilleur element de la classe, qui prend par ailleurs egalement des cours de thai.


Une petite derniere, pour la route : La vitrine du resto ou je vais manger de temps en temps (200 plats proposes ainsi que 45 milk-shakes aux fruits et 30 salades de fruits) :

Battambang, 21 janvier - Insolite, vous avez dit insolite ?

"Sur ma mob je suis bien", chantait le groupe Lili Drop au tout debut des annees 80, groupe dont personne ne se souvient a mon avis. Eh bien aujourd'hui, j'etais bien, sur ma mob ... parti tot ce matin pour profiter de la belle lumiere sur la campagne environnante, je fus litteralement scotche devant une scene pour le moins insolite : En traversant un village proche de l'axe Phnom Penh / Battambang, je vois quelques personnes reunies autour de quelque chose qui me rappele bien des souvenirs de vacances .... je freine et fais demi-tour pour m'assurer d'une part que je n'ai pas la berlue et d'autre part pour contempler le pestacle (oui oui, le pestacle). Le terrain de jeu s'etale a peu pres sur une quinzaine de metres de long pour a peine 2 de large. Les unes sont rouges, les autres sont grises, et le cochonnet n'est qu'un vulgaire ersatz : Deux capsules de bouteille qu'on enfonce de temps en temps d'un coup de talon et qui restent ainsi a la meme place tout au long de la partie, servant alternativement selon le sens du jeu. Et bien je te le dis, Pantoufles, je crois que j'aurais prefere rencontre l'equipe championne de Murato que cette equipe de khmers qui font des carreaux a tours de bras sitot que la boule est a moins de 50 cm de la capsule, et ca degage presque a chaque fois ! Les boules sont de la taille des boules lyonnaises, mais il s'agit bien de petanque ! Les villageois s'amusent de ma presence, et se doutent que je connais ce jeu car ils me voient surement ouvrir de grands yeux etonnes devant tant de technique.

Plus loin, je me retrouve au bout d'une chemin de terre. Un pecheur est la avec son fils, taquinant la bestiole dans un petit cours d'eau, alors je les regarde tous les deux avec curiosite. Le pere monte au filet, le fils compte les points .... et puis comme j'ai le temps et qu'ils me semblent bien sympatiques, j'aide le fiston a vider les deux filets que le pere ramene alternativement, avec a chaque fois 40 ou 50 poissons a l'interieur. Des petits poissons de la taille du pouce et semblables a de petites dorades, d'autres ressemblant a de petits poissons-chat (desole pour le pluriel de poisson-chat que je dois massacrer mais tant pis) et meme quelques crevettes. Vers 11 h, ils s'installent pour la pause dejeuner. Il a beau faire 32 a mon bouzin, ici c'est la saison fraiche, a;ors le fils enfile une sorte de blouson matelasse et rabat la capuche sur sa tete. Ils me proposent de partager leur repas, mais je refuse gentiment car la maigre pitance me semble deja bien juste pour deux ventres surement affames. Et puis bon, l'aspect de la sauce dans laquelle baignent les poissons ne m'inspire que tres tres moyennement, disons-le . . .


Je passerai ensuite la journee a decouvrir les nombreux villages qui bordent des cours d'eau planques sous les bambous et les eucalyptus.

Photos : La partie de petanque et les pecheurs


Battambang, 22 janvier - No comment















Siem Reap, 24 Janvier - Dans la demeure des dieux ...

Me voici donc a present tout proche de la demeure des dieux. Angkor Wat, Ta Prohm, Preah Khan, Bayon, Banteay Srei, autant de temples qui sont a l'image de ce qu'etait le royaume d'Angkor et representatifs de la puissance de ses monarques successifs. Le Ta Prohm, que j'ai de nouveau visite aujourd'hui, est probablement l'un des plus impressionants non pas par sa grandeur (on est loin de la demesure d'Angkor Wat) mais plutot par les traces bien presentes de la jungle epaisse qui devait le recouvrir lorsqu'il fut decouvert. Ici, ce sont les racines des arbres qui soutiennent les murs et rien d'autre. Ce temple bouddhiste fut construit vers 1196, et on a pu avoir quelques informations sur la vie de celui-ci a l'epoque grace a une inscription retrouvee sur place. Pres de 80000 personnes entretenait ce temple, dont 2700 administratifs et 615 danseurs. A present, les arbres, vieux de plusieurs siecles, ressemblent a des monstres tentaculaires posant leurs grosses pattes sur les murs teintes de rose et envahis par endroit par un lichen qui doit se regaler d'avoir autant d'espace ...


Siem Reap, 25 Janvier - Noms d'oiseaux

Streblus Asper, Syzygium Bracteatum, Pannari Annamensis, Nephelium Hypoleucum, Casia Siamensis, Dyospiros Decandra, Strychnos Nux-Vomica, et j'en passe ...... Allez, c'est bon, vous pouvez refermer le Vidal que votre grande-tante vous avait offert pour vos 15 ans en esperant que vous feriez medecine ! Si vous etiez deja plonges dans le "Grand Atlas des oiseaux du Monde", vous pouvez egalement le ranger, il ne vous servira a rien. Toutes ces appelations sont les noms de quelques-unes des essences presentes dans la foret qui entoure les temples angkoriens. Du Strychnos Nux-Vomica on extrait la strychnine, du Streblus Asper on fait du papier, le Dyospiros Decandra sert apparement a traiter le ver solitaire ...

4 temples visites aujourd'hui : Le Ta Som, repute pour son arbre qui entoure la porte Est de facon tres caracteristique. Le Bayon (photo ci-dessous), situe en plein centre de la vaste cite d'Angkor Thom, est connu pour ses 216 visages qui representeraient le roi Javayarma VII dont j'ai deja parle plus haut. Le Banteay Kdei, assez peu visite mais meritant vraiment un coup d'oeil pour ses bas-reliefs plutot bien conserves, et le Preah Khan, 2eme merveille des merveilles apres Angkor Wat que je retourne voir demain.


Siem Reap, 26 Janvier - Pas de bol ...

Journee maussade au dessus des temples d'Angkor aujourd'hui, je me suis donc leve a 5 h pour rien, le lever de soleil fut insignifiant. J'en ai profite pour observer nos amis japonais. Seraient-ils narcissiques ? Je ne pense pas, mais alors pourquoi ne peuvent-ils pas prendre UNE photo sans etre dessus ? Quand un japonais prend son pied le matin, ce n'est pas pour travailler en faible luminosite et faire des poses longues comme on pourrait le croire, mais bien pour se tirer le portrait devant tous les coins et recoins possibles et inimaginables de tous les sites qu'il visite. Notre ami japonais est egalement facecieux : Il aime a faire le "V" de la victoire pour les photos, et a faire aussi toutes sortes de grimaces ou de contorsions bizarres, pour bien montrer qu'il s'eclate.

Details du temple d'Angkor Wat :

Phnom Penh, 27 Janvier - l'EFEO

Ce matin, avant de quitter Siem Reap, je suis passe devant l'EFEO (Ecole Francaise d'Extreme-Orient) qui avait en charge, avant la guerre civile, la restauraton des temples d'Angkor. Comme j'avais quelques questions qui me taraudaient, je suis alle aux informations. J'ai rencontre Edwige, chercheuse en place depuis 3 ans au Cambodge, qui travaille actuellement sur une these doctorante sur la civilisation angkorienne.

Je voulais donc vous faire partager ces quelques infos, glannees son seulemet aupres d'elle mais aussi aupres de differentes personnes rencontrees au cours de mon periple au Cambodge :

- Apres la guerre civile, ce sont les indiens qui ont les premiers recupere la restauration du site d'Angkor. Ils en ont ete evinces sous la pression de certaines personnes (les francais n'y etaient pas etrangers), car nos amis du sous-continent asiatique semblaient avoir adopte des methodes peu orthodoxes, tel que le nettoyage des pierres du temple d'Angkor Wat avec des produits acides .... cela faisait des annees qu'ils tentaient de revenir, et ils y ont reussi apres des negociations qui se sont deroulees au plus haut niveau du gouvernement, et tout le monde sait ce que cela veut dire. L'Inde a ainsi tres recemment recupere les travaux de restauration du Ta Prohm (le temple avec les arbres gigantesques), mais ils sont apparemment etroitement surveilles dans leurs travaux.

- Il n'y a pas d'appels d'offres concernant la restauration des monuments. Ce sont les pays, de maniere individuelle, qui proposent un projet precis et deposent un dossier. Une commission se reunit 2 fois par an, composee de diverses entites : L'Unesco est bien entendu presente, ainsi que l'Apsara, un organisme charge de gerer le site des templs d'Amgkor et de maniere plus generale son developpement. Les pays concernes sont bien entendu presents pour defendre leurs dossiers, des architectes specialistes font egalement partie de la commission.

- Tout le site a ete demine, grace en particulier au travail minutieux mene par des equipes francaises. Ce travail se fait a l'aide de la "poele a frire", cm2 par cm2.

- Les pays presents actuellement sur site sont les suivants : Japon, Chine, Allemagne (ils bossent en ce moment sur Angkor Wat), USA, Inde et France.

- La plupart des temples du site d'Angkor ont ete degages mais son restaures. D'apres des architectes pointus sur la question, l'etat actuel des temples (certains ne sont que des amas de pierres ecroulees) s'expliquerait par le fait que bon nombre d'entre eux auraient ete construits en depit du bon sens, dans une certaine precipitation et sans tenir compte de regles d'architecture elementaires. Pratiquement seul le temple d'Angkor Wat aurait ete eleve dans les regles de l'art, peut-etre a cause de sa taille hors du commun

Enfin, autre sujet, mais il est bon de rappeler que le Premier ministre actuel (Hun Sen), ancien cadre khmer rouge, est en place depuis la fin de l'ere Pol Pot. Il n'est pas necessaire d'avoir fait maths sup' pour faire le calcul, il est en place depuis plus de 25 ans .... il a ete classe recemment dans les 200 premieres fortunes mondiales par une revue americaine (Forbes ?). Il serait l'heureux possesseur de 300 logements a Phnom Penh. Pas mal pour un dirigeant sense etre en place pour faire avancer son pays vers la voie de la democratie et du developpement, dans un pays exangue ou pres de 85% de la population vit a la campagne dans des conditions de vie (de survie parfois) parfois tres difficiles. Les taxes sur les societes n'etant pas recouvrees, il faut savoir que le pays est quasi sous perfusion, alimente par les subsides venant de l'etranger (pres de 70 millions de dollars si mes souvenirs sont bons, mais je verifierai ce chiffre), que ce soit pour l'aide au developpement ou destine aux nombreuses organisations humanitaires presentes ici. Il semblerait qu'en terme de developpement, ce soit plutot la poche de quelques personnes qui aient tendance a se developper et a prendre des proportions pour le moins etonnantes dans un tel pays.

Quelques anecdotes qui pourraient presque preter a rire s'il ne s'agissait pas parfois de la sante des personnes :

- Les pompiers, pour intervenir, doivent avoir connaissance de "l'existence" de la maison qui brule. Pour que cette maison soit bien identifiee, il faut prealablement que le proprio ait verse de l'argent aux pompiers. Sinon, la maison se consume ... Si la maison est bien identifiee, la premiere question que poseront les pompiers avant d'intervenir est "combien ?". Quand on s'est enfin mis d'acord sur la somme, les hommes du feu arrivent mais comme personne n'aura pris la precaution de bloquer l'acces a la rue ou se deroule le sinistre, les pompiers mettront un long moment a arriver au pied de la maison. Enfin, ils grimpent (en tongues) en haut de la grande echelle, pour s'apercevoir parfois que le materiel ne fonctionne pas.

- A Phnom Penh, l'electricite a double a 3 ans. Dans un pays ou le salaire moyen est de 50 dollars, mon ami paye maintenant ... 50 dollars par mois d'electricite. Et il n'a que des neons pour s'eclairer et ne possede aucun appareil a forte consommation.

- Chose vue par un ami : Accident de la route en ville, un jeune homme est renverse par une voiture et retombe lourdement sur la chaussee. Un policier s'approche, fouille les poches du blesse (le jeune homme semblait mort, il etait simplement blesse mais inconscient), en retire le porte-feuilles, evalue la somme d'argent se trouvant a l'interieur, extrait egalement d'une autre poche le mobile, et ... se fond dans la foule. Pas un coup de fil, pas un geste pour bloquer la route ni appeler un medecin.

- Toutes les places, a tous les niveaux de l'administration, se payent (comme au Viet Nam) : Un policier situe a un carrefour strategique devra verser un somme tres importante a son superieur pour obtenir la place. J'ai vu moi-meme, lorsque je suis parti pour Battambang dans un pick-up en legere surcharge (c'est un doux euphemisme), le conducteur sortir un billet de sa poche et le tendre au policier, sans meme prendre la peine de s'arreter. Une sorte de rituel bien huile ...

Nous sommes aujourd'hui le 31 Janvier, et je viens de completer ce blog de ... Hoi An, au Viet Nam. J'ai eu beaucoup de mal a quitter le Cambodge, ou j'ai maintenant de veritables amis. Mon seul souhait - a part revoir ces amis - serait que les pays donnateurs arretent enfin leurs contributions afin que les autorites prennent conscience que l'argent doit etre distribue a ceux qui en ont besoin, et que les taxes doivent etre prelevees comme c'est prevu par la loi.

Je voulais aussi vous parler de Jeff, dont la route a croise la mienne au Ratanakiri. Rencontre etonnante avec celui qui m'a semble tout d'abord un peu ecorche vif (je sais que tu regardes ce blog, Jeff), mais avec un reel talent pour la photo. Je vous communiquerai plus tard le lien vers son site (avec son accord), et j'espere que vous n'hesiterez pas a le consulter. Je prends un risque, celui que vous consideriez desormais mes photos comme un peu fades ... mais tant pis, place au talent !

Je vais peut-etre maintenant laisser ce blog en sommeil quelques jours, car j'ai vraiment besoin de me reposer et je ne pense pas vraiment utile de vous faire part de mes seances de baignade ....

Dans une quinzaine de jours, je partirai au Laos ou je vais probablement retrouver Jeff. Je pense passer 1 mois dans ce pays qui est apparemment en train de changer egalement a toute vitesse ....