jeudi, juin 29, 2006

Chili

Santiago du Chili, 28 Juin - Une journée interminable

Me voici a Santiago, capitale du Chili. Suite à un changement de plan de vol, hier 27 Juin, mon avion s´est posé a Auckland en Nouvelle-Zelande pour une escale de quelques heures, puis a redecollé pour Santiago a 21h30. Après un vol d´une durée de 11h30, l´avion s´est posé a Santiago a 17h le ... 27 Juin. C´était ainsi la premiere fois que je remontais le temps ...

Une fois arrivé a l´hotel, lorsque j´ai dit au réceptionniste que je suis francais, il m´a regardé avec une mine réjouie et m´a aussitôt annoncé que la France venait tout juste de battre l´Espagne en Coupe du Monde de foot. Et de me confier dans la foulée qu´il n´aimait pas les espagnols, mais ça, je m´en serais douté.

De nouveau, un pays a découvrir. Et même plus qu´un pays, toute une région car je ne suis pas un habitué de l´Amérique du Sud, le seul pays que je connais sur cette partie du continent étant l´Equateur que j´avais visité avec une amie il y a une bonne dizaine d´années.

Le Chili s´étire sur 4300 km du Nord au Sud, et sa largeur, entre la mer et les pays voisins (l´Argentine pratiquement sur toute la longueur et la Bolivie un peu au Nord) ne dépasse jamais les 200 km. La population est de 16 millions d´habitants, le taux de chomage est de 8%. Il produit 35% du cuivre mondial ce qui représente 45% de ses exportations. Suite au coup d´état de 1973, le Chili a connu 17 ans de dictature sous la ferule de Pinochet (mais si mais si, celui qui se fait passer pour presque mort quand il doit répondre de ses crimes devant une cour). Il a depuis donné une interview a la TV en 2004, au cours de laquelle tout le monde a pu constater qu´il était totalement lucide et absolument maitre de ses paroles.

Le Chili est un pays aux paysages merveilleux et bien entendu, du fait de ses régions très éloignées les unes des autres, très variés. Pour le moment, je vais rester quelques jours à Santiago et dans 3 jours, je m´envolerai pour l´Ile de Pâques a quelque 3700 km des côtes chiliennes (5 heures d´avion). Cette île située dans le Pacifique est en Polynesie mais depuis son annexion en 1888 (suite à la guerre du Pacifique), elle est sous administration chilienne. Je pense descendre ensuite vers le Sud malgré le fait que nous sommes ici en plein hiver et que l´accès à certaines régions semble être particulièrement difficile. Enfin, je monterai vers le nord où je pense rester quelques jours dans la région du fameux désert d´Atacama. Encore plein de photos en perspective !

Je vous rappelle qu´il y une colle concernant une photo prise en Australie, que notre ami Gérard - le seul participant pour le moment - brûle (message perso ..) et que même que c´est lui qui à mon avis va gagner le gros lot si personne d´autre ne se manifeste ...

Valparaiso, 29 Juin - Dans la ville aux mille couleurs

Hier soir en rentrant a la pension ou j´avais demenage dans la matinee, ca m´a pris comme ca : Demain, je pars visiter Valparaiso ... Jolie ville situee au nord de la capitale, a environ 1h30 de bus, elle voit son quartier commercant et de bureaux (El Plan) domine par de nombreuses collines ou sont accrochees de charmantes petites maisons de style colonial aux tons pastel. Une curiosite a eveille mon attention : Figurez-vous qu´on accede a ces collines a pied ou ... en ascenseur. En effet, 15 ascenseurs - construits entre 1883 et 1916 - sont repartis au pied de ces collines et permettent d´eviter parfois une grimpette un peu hardue. Certaines maisons sont assez anciennes, comme par exemple celle de Pedro rencontre en milieu d´apres-midi. Pedro est ne ici, il connait bien entendu la ville comme sa poche. Il est proprietaire d´une grande et belle ancienne maison qu´il est en train de restaurer pour y faire un hotel essentiellement pour etudiants. Voyant que j´etais interesse pas les vieilles pierres, il m´a gentiment fait visiter la batisse dont les travaux seront termines en Septembre prochain, puis m´a invite a prendre un cafe chez lui.


Je m´apprete a passer la nuit ici, dans une petite pension situee au beau milieu d´un quartier repute pour ses peinture murales (en France on dirait "tags"). Et en effet, au cours de ma promenade deambulatoire de cet apres-midi, j´ai pu photographier quelques sujets que je trouve assez photogeniques :



Quelques autres ...



Rapa Nui, 8 et 10 Juillet - Plus pres des etoiles

Hanga Roa, seule et unique ville (plutot en fait un gros village) de l'ile de Paques (Isla de Pascua en espagnol et Rapa Nui en langue locale). Suite a un probleme de retrait d'argent, me voici oblige de modifier ma date de retour sur Santiago et de rester trois jours de plus. Mais bon, comme je disais cet apres-midi a un copain qui habite ici, il y a pire situation ...

Que de mysteres sur cette ile. L'ile de Paques, qui, d'apres certaines informations non confirmees, avait ete annexee par le Chili pour une duree de 100 ans en 1888, devait donc redevenir independant il y a un peu plus de 15 ans. De fait, les rapports entre chiliens et "Rapa Nui" (c'est ainsi que se nomment egalement les habitants de l'ile) se resument a ce qui se dit sur l'ile : Ici, on se sent plus pres des etoiles que de Santiago ... tout est dit.

Je reviendrai prochainement sur l'histoire de cette ile entouree de mysteres. Car a dire vrai, ici, beaucoup de choses sont bien mysterieuses. Des phenomenes "surnaturels" auquels j'ai pu assister et qui - pour certains d'entre eux - sont connus de tous, a l'origine de ces statues qui parsement l'ile. Pour quelle raison, subitement, on a arrete de sculpter ces enormes blocs de pierre ? Mystere .... Et pourquoi je dis subitement, c'est parce que l'endroit ou les statues (appelees ici "Moai") etaient sculptees est connu, et lorsque l'on visite le site - qui porte le joli nom de Rano Raraku - on peut s'apercevoir que de nombreux moais etaient en cours de fabrication a meme la roche, et meme termines pour certains, mais ceux-ci sont restes dans la "maternite" de Rapa Nui. Que s'est-il passe ? Nul ne le sait aujourd'hui, et malgre les theses avancees par les gens de l'art, il nous est impossible de dire avec certitude la raison de ce brusque arret. Et d'ailleurs, quelle est la symbolique de ces moais ? La these la plus probable serait qu'elles repondaient a des croyances liees au culte des ancetres, mais une fois de plus, aucune certitude la-dessus. Et puis tiens, d'abord, d'ou venaient les premiers Rapa Nui a avoir foule la terre de l'ile de Paques ? Apres avoir longtemps pense qu'ils venaient d'Amerique du Sud et plus precisemment du Chili, les dernieres etudes tenderaient a prouver qu'ils etaient plutot originaires des iles Marquises et d'autres iles environnantes, et que leur arrivee remonterait au 8eme siecle. D'autres etudes estimaient precedemment leur arrivee au 4eme ou 5eme siecle. Mais alors pourquoi, a un endroit de l'ile (et un seul), on trouve un "ahu" (nom donne aux plates-formes de terre et de pierres destinees a recevoir les moais et qui servaient apparemment de lieu de rassemblement pour les ceremonies funeraires), pourquoi cet ahu est-il construit dans un style d'architecture unique, celui des incas ? Un autre ahu, plus loin, est en (toute petite) partie construit sur le meme schema, mais les gens qui l'ont edifie sont vite repasse au style qui se retrouve partout ailleurs ailleurs sur l'ile. Un style ou les pierres sont assemblees de maniere nettement moins precise, avec des espaces entre les blocs. Problemes de competence ? Difficultes de construction ? Mystere ...

Ci-dessous le site d'Anakena :

Cinq photos du site de Rano Raraku, la nurserie de l'ile (la plus interessante a mon sens):

Coucher de soleil sur le moai de l'ahu Tahai, a quelques minutes a pied du village :

Site de Puna Pau, la ou etaient fabriques les coiffes recouvrant certains moais :

La cote sud le jour predecent un changement de lune (aujourd'hui):

Au debut du XIXeme siecle, on estime la population de l'ile entre 4000 a 20000 habitants. Au fil des annees, les dissensions entre clans ont engendre de nombreuses luttes sanglantes, entrainant par la la destruction de nombreux moais - du moins leur basculement, toujours face contre terre - ainsi que des actes de cannibalisme (pas facile a prouver, ca ...).

Au debut du XVeme siecle, des bateaux espagnols avaient deja jete l'ancre pres de l'ile, mais un beau jour de 1722, le dimanche de Paques plus exactement, un vaisseau hollandais se presente au large et bientot, les premiers europeens foulent la terre la plus isolee du Monde (l'ile de Paques est en effet l'ile la plus eloignee de tout continent). En 1774, le celebre capitaine James Cook, familier des tribus des iles de la Societe, de Tonga et de Nouvelle-Zelande, concluera que les habitants de Rapa Nui appartiennent a la meme lignee. Il est le premier a rapporter que de nombreux moais sont bien debouts, surmontes pour certains de leurs 'chapeau' (pu kao) mais que de nombeux autres sont detruits et les ahus abimes.

En 1786, le francais La Perouse mettra egalement le pied ici, suivi par un navigateur russe en 1804, qui rapportera que plus de 20 moais sont encore debout. Pour bien comprendre, il faut savoir que l'ile possede a peu pres 800 moais (sculptes sur une periode approximative de 800 ans, soit la moyenne de 1 moai par an, sachant que ceci ne veut rien dire), et que lorsque les premieres restaurations ont commence sous la houlette de Thor Heyerdhal (qui s'en serait mis plein les poches au passage ...) dans les annees 50, plus aucun moai n'etait debout.

Voici le copier-coller d'un petit texte trouve sur Internet et concernant Thor Heyerdhal, avec pas mal d'infos qui me m'ont pas ete communiquees lors de mon sejour ici. Pour info (et parce qu'il est surtout connu pour ca), la fameuse expedition du Kon-Tiki date d'un peu avant, 1952 :

L'EXPEDITION DE L'ILE DE PÂQUES (1955-56)

Ses expéditions sur l'ïle de Pâques sont considérées comme son meilleur travail (The archeology of Easter Island, 1961). Tout commence par un essai d'explication du mystère des fameuse statues géantes. Le travail de la pierre et la statuaire sont indubitablement Inca. En se fiant à la tradition orale des gens du cru, qui disaient que les statues 'marchaient', il peut faire un test pratique en redressant et en déplaçant une de ces énormes figures. Un groupe de 23 personnes se livre à la première excavation jamais tentée sur l'île. Les nombreuses traces de pollen dans les sédiments prouvent que l'île a été boisée avant d'être déforestée par ses habitants originels, qui plantèrent des roseaux d'eau et d'autres plantes Sud-Américaines. La datation au Carbone 14 montre que l'île fût occupée presque 1.000 ans plus tôt que le pensaient les scientifiques. En fait, Heyerdhal détermine trois périodes dans l'histoire de l'île. Pendant la première, les seules constructions étaient d'énormes autels orientés astronomiquement démontrant une très bonne connaissance de la maçonnerie par la précision avec lesquels les blocs de pierre sont ajustés. Pendant la seconde, les célèbres statues géantes on été créées et mises en place. Au point culminant de la production des statues, elles pouvaient atteindre 40 pieds de haut, peser plus de 80 tonnes et porter un chapeau de pierre pesant jusqu'à 12 tonnes sur la tête. Sur une période de 6 siècles, plus de 600 statues furent dressées et les forêts dévastées. La troisième période commence par un abandon des carrières de Rano Raraku dans lesquelles étaient taillées les statues. Des traces évidentes de combat et de destructions apparaissent. La seconde vague d'habitants venus de l'ouest auraient, selon les dires des autochtones, détruit les descendants de la première vague de population, venue de l'est. L'expédition amasse les preuves de leur hypothèse pour la première période. Tout ce qu'ils trouvent ressemblent à d'autres découvertes faites à l'est de l'île, pas à l'ouest : les plantes aquatiques, la construction de bateaux en roseaux, l'utilisation de rames à double palette, les crochets en pierre d'une seule pièce pour la pêche… et l'écriture , qui ressemble à celle des indiens vivants près du Lac Titicaca dans les Andes.

Un des nombreux petrogryphes du site d'Orongo (site de culte de l'homme-oiseau) :


Petrogryphe : Je ne sais pas si ce mot est utilise en francais .... si quelqu'un peut m'aider, il s'agit de sculpture dans la roche.

Si l'on possede aussi peu d'informations sur cette ile, c'est en grande partie a cause du manque de documents ecrits. Les marins qui abordaient l'ile ont probablement du rencontrer quelques problemes de communication. Et puis aussi incroyable que cela puisse paraitre, des plaquettes supportant des textes graves avec une ecriture tres particuliere ont ete retrouvees sur plusieurs sites, mais aujourd'hui, personne n'a encore reussi a les dechiffrer. Lorsque l'on pense a toutes les ecritures de societes bien plus anciennes qui ont deja livre leur secret, ca ne fait que rajouter un mystere de plus ...

Santiago du Chili, 12 Juillet - Resultat concours photos

Retour hier sur Santiago, avec un gout amer dans la bouche. Suite a un different avec mon guide rencontre sur l'le de Paques (ancien legionnaire qui s'avere finalement etre un dingue), et qui m´avait emprunte la voiture louee a mon nom mais probablement legerement accidentee par lui, nous avons tous fini au poste des carabineros pour une explication.

Merci a tous ceux qui ont participe au concours photo, meme a ceux qui ont ete trop timides pour s'exprimer sur le blog et ont prefere m'envoyer un mail (sans mandat comme je l'avais demande ...). Vos idees ont ete tres judicieuses et on peut dire que Gerard avait tout de meme de l'avance sur tout le monde ... mais je retiens la proposition de Pantoufles (dont je salue le retour) et on en reparlera tous autour d' une bonne bouffe ! En fait, il n'y avait rien de bien complique, simplement cette photo a ete prise tot le matin, a partir de falaises surplombant un petit lac. La "vraie" photo est celle-ci :


Pour la suite (et bientot la fin, snif) de ce tour du Monde et devant les pluies diluviennes qui s'abattent en ce moment sur le sud du pays, je vais finalement remonter vers le nord, a la limite de la frontiere bolivienne, pour visiter le desert d'Atacama et sa region.

Enfin, merci a toi, Gerard, de nous avoir communique le lien d'un site sur la langue francaise fort interessant et de nous avoir eclaire via le blog sur la signification du mot "petroglyphe", avec un "l". J'ai du avoir l'"r" bete !

San Pedro de Atacama, Jullet - Se souvenir de Toconao ...

C´etait un dimanche de Juillet, ensoleille comme toujours dans cette region du Nord-Chili. J´avais quitte ma chambre de San Pedro un heure auparavant, tire de mon sommeil au petit matin par les premiers rayons du soleil qui filtraient a travers les rideaux de ma piaule. La route m´avait offert des paysages superbes, le salar d´Atacama a ma droite avec ses vastes etendues de croute salee et a ma gauche, les volcans andins avec une grande plaine en contre-bas offrant au Monde ses petits bosquets de couleur mordoree quelle que soit l´heure du jour, nous sommes en ce moment en plein hiver. Lorsque j´arrivai a Toconao (550 habitants), j´avais dans l´idee de trouver une piaule pour poser mon baluchon avant de decider de la suite du programme. La region regorge en effet de lagunes superbes, de volcans s´elevant a pres de 6000 metres d´altitude, de petits villages andins niches au creux de vallees arides. M´engageant dans la rue qui semblait mener au centre du village, je tombai sur une procession a caractere visiblement religieux. Je decidai de voir ca de plus pres. Je garai la voiture non loin de la place accueillant en son centre un superbe clocher tout blanc et muni de mon appareil photo, me rendai lentement vers la foule. Ce fut pour moi le debut de 2 jours tout simplement inoubliables. Je passai une partie de l´apres-midi a regarder les danseurs evoluer au milieu des villageois, apres quoi je me rendis a la lagune Chaxa pour admirer de plus pres le salar d´Atacama et ses flamands roses. Fin de journee superbe, lumieres changeantes tirant vers le rouge puis le bordeaux, le ciel rempli de nuages de feu s´etirant au loin dans un mouvement desormais fige par la pellicule. De retour au village, l´activite est encore intense et les danses se termineront finalement vers 22 heures. Le lendemain, retour a la lagune vers 7h30 pour profiter de la belle lumiere du matin et observer les flamands rose de plus pres. Puis je decide de revenir au village pour profiter du dernier jour de la fete. Les danses reprennent vers midi, et lorsque tout le monde va se mettre a table pour dejeuner, il est deja quinze heures et une femme que je connaitrai plus tard comme etant Suzanna m´invite a m´assoir moi aussi pour dejeuner. Plus de 100 personnes sont reunies la, et je me retrouve assis a cote d´un groupe de jeunes et non moins talentueux musiciens charges d´animer les trois jours de la "fiesta". Il y aura egalement 2 autres groupes venant de Calama, a 1 heure 30 de route de Toconao, plutot des fanfares de 7 a 8 musiciens. Au moment de la priere, j´ai comme une hesitation ... mais je fais comme tout le monde : Je me leve et regarde le bout de mes pompes. Qui sont deja tres sales malgre le fait qu´elles sont toutes neuves. Mes chaussures de rando qui m´accompagnaient depuis 5 ou 6 ans sur tous les chemins de France et de Navarre ont en effet rendu leur dernier crissement de semelle a Santiago. Malgre cette vie commune de quelques annees, elles n´auront meme pas droit a une vraie ceremonie, terminant lamentablement dans une poubelle de la capitale chilienne, comme un vulgaire pot de yoghourt qu'on aurait leche jusqu'a la derniere goutte. Mais je m'egare ... Sitot le repas termine, les danses reprennent, et je constate une fois de plus que mon espagnol ne me permet pas d´en savoir plus sur la signification de tout ce a quoi je peux assister depuis la veille. Vers 20 heures enfin, on me previent qu´il va falloir que je fasse attention a mon appareil photo, car ca va donner. De la petite chapelle abritant les 3 vierges etant visiblement au centre de la ceremonie, on sort une corde que quelques personnes du village commencent a tirer de chaque cote. Au fur et a mesure que la chaine s´etire, les "combattants" se font toujours plus nombreux. Je decide de participer au combat acharne en laissant mon sac photo a la residence, ne gardant que mon petit numerique. Je l`apprendrai plus tard par Don Eduardo, au plus fort du combat, 100 personnes reparties de chaque cote de la corde de 50 metres se disputaient la victoire finale. La lutte dure ainsi presque 2 heures, nous parcourons plusieurs rues du village a grands coups de "haaa", de "gnnn", de "vamos", la plupart des rues etant en pente. Quand une equipe "lache", celle-ci se doit de trouver rapidement un poteau pour y attacher son bout de corde et prendre ainsi un peu de repos. Lorsqu´enfin nous arrivons a mettre la corde tout entiere dans une petite maison du village, c´est le signe de la victoire et nous nous regroupons alors pour une derniere collation. Avant que les musiciens ne fassent de nouveau monter la pression, de ce que je comprends du discours final c´est que cette fete est une longue tradition dans le village et qu´il est important que celle-ci perdure dans le temps. Au bout de quelques verres, je parle espagnol couramment ... je me coucherai tard dans la nuit avec la tronche en biais et le lendemain, je decide de rester la journee entiere au village pour en savoir plus sur cette fete. Et soigner ma gueule de bois. Ce que je ferai en allant visiter la "Quebrada de Jere", petit oasis de verdure au milieu du desert. Deux heures de marche auront finalement raison de mon etat comateux. De retour vers la chapelle, je rencontre alors de nombreuses personnes avec qui, c´est sur, je garderai contact. Cesar, qui m´aidera a comprendre cette fete et qui m´invitera a une partie de "rayuela" : Un bac rempli d´une sorte de terre glaise, separee en deux parties par une petite ficelle, et des palets de fer, ronds, que l´on lance dans le bac d´une distance de 7 a 8 metres en essayant de les placer le plus pres possible de la ficelle. Une sorte de petanque locale. Je ne serai pas le plus maladroit a ce jeu et a chaque fois, on m´encourage par le surnom dont je suis affuble depuis la veille au soir et par lequel tout le monde me connait maintenant ici : Zizou .... un retraite ... remarquez, ca m´irait bien si j´avais la salaire qui allait avec. Pablo et Alejandro, travailleurs de la societe biiiiiiiip (auto-censure), qui sentent bon la vinasse des le petit dejeuner (on etait dans la meme residence), et qui sont charges de l´installation de l´infrastructure ayant servi a accueillir les invites. Suzanna, adorable et souriante du matin au soir. Don Eduardo, chapeau eternellement visse sur son crane degarni, parlant peu mais n´en pensant pas moins. Eda, que je reverrai je pense dans quelques jours a Calama. Claudia, belle comme le jour, me reclamant mes photos prises au cours de la fete. Fernando, et tous les autres ... merci a vous de m´avoir fait partager cette fete, meme si je ne partage pas toutes vos idees sur la religion. A present c'est mardi apres-midi et pour certains, il est temps de rentrer car la route est longue. On se donne l'accolade, on s'embrasse, on s'echange les coordonnees et on s'embrasse encore. C'est dur de voir partir tous ces gens avec qui on a tant partage depuis presque 3 jours, mais c'est ainsi. Un dernier repas, le soir, avec les deux "grands buveurs" de la societe biiiiiip, et on va se coucher. Le lendemain, c'est a dire hier, visite prevue de 2 lagunes a quelques encablures de la frontiere argentine.

A gauche, jeune danseuse pendant une pause. A droite, le groupe de danseurs.



Photo de la Laguna Chaxa :

2 photos de la vallee de la Luna, a 15 km de San Pedro :



Enfin, pour ceux qui cherchent un bouquin divertissant et tres drole pour leurs vacances, je conseille un petit bijou de clins d´oeils, de concupissance et de drolerie : Le monsieur s´appelle Joseph Connolly (je ne suis pas tres sur de l´orthographe mais ne pas confondre avec son homonyme Michael qui ecrit des polars d´ailleurs fort bien faits) et le bouquin s´appelle "vacances anglaises". Les femmes reconnaitront les hommes et les hommes reconnaitront probablement certaines femmes .... (voir le commentaire de Gerard au sujet du bouquin).

Calama, 22 Juillet - Plouf ...

Retour precipité sur Calama en fin de matinée pour soigner une guibole ayant fricoté bien involontairement avec un bain d'eau bouillante sur le site - fantastique par ailleurs - de "El Tatio". Hier matin, j'avais quitté San Pedro bien decide a dormir dans un petit village dont on m'avait dit beaucoup de bien, Machuca. Situe a 4300 metres d'altitude, on accede a ce village andin par une petite route charmante aux paysages tous plus beaux les uns que les autres. Et puis il y a de nombreux troupeaux de lamas dont il faut se mefier car ils ne traversent jamais sur les clous. Ca me fait penser que "les clous", je suis sur que les djeunes, ils ne savent meme pas ce que c'est, ca n'existe plus. Bref, une fois arrive au village, je pensais m'y installer pour une nuit pour repartir le lendemain afin de visiter le site de El Tatio, le maitre des lieux .... mais la seule femme du village que je reussis a voir me fait comprendre qu'il y a effectivement de quoi dormir, mais que la personne qui s'occupe du logement est partie ... elle ne sait ou, et ne sait pas quand elle rentrera. Peut-etre demain , dans une semaine ... et il n'y a strictement RIEN dans ce village. Et pour faire bonne mesure, le "monsieur parti" s'occupe aussi de la petite epicerie, qui est donc bien evidement fermee. Pas de restaurant, rien. Euh .... ouais mais c'est pas ce que j'avais prevu, moi ... et pour une fois que je pars sans rien a manger, pas de bol. Il me bien reste 2 yoghourts de la veille (avales en moins de temps qu'il n'en faut a un patron pour empocher ses stock-options) et un tout petit carre de chocolat que je me reserve donc pour le dessert. Royal .... non, pas elle, le repas. La vieille dame (pas Segolene, celle du village) me propose bien la piece communale, mais choisir entre dormir par terre ou sur une des deux tables ne me convient guere. Meme les carabineros qui me demandent mes papiers ainsi que ceux de la voiture ne peuvent rien pour moi, alors je decide de pousser jusqu'a Caspana, de l'autre cote du site de El Tatio. Toute l'apres-midi, je traverse alors des paysages aux couleurs incroyables, je suis subjugue par ce que la nature m'offre pour mes tous derniers jours sur l'Altiplano chilien. Une fois de plus, je me remets en memoire ce que m'avait dit Catwoman (qui intervient de temps en temps sur ce blog), une grande specialiste de l'Amerique du Sud. Elle m'avait dit, peu de temps avant de partir, et alors que j'evoquais ma faible attirance pour cette region, elle m'avait dit "tu verras, Philippe, tu verras ...". Elle n'avait rien rajoute, elle avait simplement sourit. Eh bien oui, je peux le dire aujourd'hui, je suis scotche tous les jours devant ces paysages grandioses qui defilent sous mes yeux et que meme, a mon avis, les photos ne sauront rendre totalement leur majestuosite.

Arrive donc hier soir dans la nuit au village de Caspana, je demande si on peut y dormir. Oui, me dit-on, a la maison ou il y a de la lumiere. Ca tombe bien, car ce minuscule village est dans l'obscurite la plus totale. Je me gare, descend de mon petit 4 x 4 qui me rend bien service sur ces routes de terre ou de graviers, monte les quelques marches qui me separent de la maison, c'est en fait une epicerie. Le monsieur derriere le comptoir, dont le visage est faiblement eclaire par une lampe au gaz qui procure une lumiere douce et tamisee, me dit qu'il n'y a pas d'electricite et que donc on ne peut pas dormir. Je le sens mal ... bon, on va prendre les problemes un par un. Je lui dit que j'ai une frontale et que cela ne me gene pas. Du coup, il retrouve le sourire et moi aussi. Et pour manger ? Ah ben ici il n'y a rien, me repond-il. Decidemment, je finis par croire qu'ici c'est la region des "il n'y a rien". Sachant qu'il dispose d'une petite cuisine, il me propose d'acheter quelques bricoles et de faire la cuisine moi-meme. Alors c'est parti, une boite de thon, trois petits paquets de chips (je pense au lendemain), un potage aux asperges, 6 oeufs et des biscuits. Pas de pain, tant pis. Je cuisine donc ma soupe qui me remplit bien l'estomac avec la boite de thon. A 20h30, je suis couche, dans un dortoir de 10 lits qui sentent bon la moisissure, mais c'est mieux que rien. Ce matin, lever a 5h30 pour une bonne heure de route pour assister au lever de soleil sur le site de El Tatio par une temperature de -5 ou -10 degres ... la suite, je l'ai deja raconte. Beaucoup de photos sur ce site extraordinaire puis vers 11h, alors que je revenais tranquillement vers la voiture, la jambe gauche qui s'enfonce dans un trou d'eau bouillante. Ma premiere vraie galere de ce voyage, alors sans trop reflechir, je retourne vers Caspana et file droit vers Calama, la ou il y un hopital digne de ce nom. J'ai RDV demain pour une consultation mais je devrais pouvoir continuer mon voyage normalement.

De nouvelles photos dans quelques heures ...

Calama, 24 Juillet - Des nouvelles et plein de photos

Je sors a l'instant de l'hopital pour ma troisieme seance de soins et le diagnostic effectue par le medecin est plutot rassurant. Pourtant, hier, j'ai pu voir l'etat de ma jambe au cours du traitement et j'etais plutot inquiet. Europe Assistance a meme evoque un possible rapatriement sanitaire mais je ne pense pas que l'evolution des blessures le justifie. Je garderai une photo (un peu gore) de ma guibole en souvenir ....

Je voulais vous parler un peu de Calama ou je me trouve en ce moment, car ma premiere impression en arrivant ici a ete "mais ... c'est une ville de muchachos !". Il est impressionant de voir la disproportion du nombre d'hommes par rapport aux femmes. Et il y a une raison bien simple a cela : A quelques kilometres de la sortie de la ville se trouve la plus grande mine de cuivre du Monde, Chuquicamata. Le cuivre est la raison d'etre de Calama, son poumon.

Chuquicamata ... mine a ciel ouvert de 4,5 km de long sur 3.5 km de large, 1 km de profondeur. Son exploitation a commence en 1911. Un ami travaillant pour la societe exploitant cette mine a telephone pour moi ce matin afin de m'inscrire a une visite, mais celles-ci sont "bookees" pour toute la semaine. Grace a ses connaissances, il semblerait que cela puisse tout de meme se faire demain. Dans cette mine circulent des camions pouvant charger jusqu'a 370 tonnes (!) de cuivre, aux roues parait-il monstrueusement grandes. Et pour vous donner une idee de la chose, deux camions sont en train d'etre testes dans l'enceinte meme de la mine, deux camions sans chauffeur, s'orientant par ... satellite ! Le Chili est ainsi le plus grand producteur de cuivre du Monde (630 000 tonnes par an). La production de cuivre represente 47% du total des exportations totales du pays, et mon ami m'a dit ce matin qu'il existait 3 mines en attente d'exploitation, sachant qu'il y en avait encore pour 50 ans du potentiel de production de la mine de Chuquicamata.

Voici quelques photos prises ces derniers jours, au cours de la fete de Toconao et au cours de mes balades dans la region autour de San Pedro de Atacama :

Tout d'abord, un hommage aux musiciens de la fanfare ...

Hommage ensuite aux danseuses, jeune fille de la troupe de danse pendant une pause :


Vieille femme veillant visiblement au bon deroulement de la ceremonie :

Un jeune du village dans un des costumes traditionnels de la fete :

Hommage aux organisateurs, Don Eduardo et la cuisiniere de la fiesta :

Suzanna et Cesar (ou l'inverse, a vous de voir) :

Claudia. Photo bougee mais personnalite dont je souhaite la presence sur ce blog :

Une villageoise :

Enfin, hommage aux grands forcats de l'alcool ... Alejandro, de la societe biiiiiiiiiiiiiip .

Une photo qui en dit long sur l'etat qui etait le sien ce jour-la ...

Les photos suivantes ont toutes ete prises a des altitudes situees entre 4300 et 4600 metres.

Laguna Miniques :

Laguna Miscanti :

Laguna Aguas Calientes, a quelques kilometres de la frontiere argentine :

Assez curieusement, malgre son nom ("eaux chaudes") et le fait que nous soyons en plein hiver ici, ses eaux sont gelees ..

Une autre lagune dont j'ai oublie le nom (cette fois-ci tres proche de la Bolivie ) :

Lagune proche du Salar de Tara :

Paysages de montagnes de l'altiplano chilien :

Une lagune pres du site de El Tatio :

... Et enfin El Tatio, sources d'eaux chaudes et source de mes ennuis :

Bestioles croisees sur la route de Machuca et de la lagune Aguas Calientes :


Arica, 28 Juillet - Fin du blog

Je n'avais pas mesure l'ampleur de mes blessures lorsque j'avais ecrit le dernier "post", mais les soins que necessitent mes brulures m'empechant de marcher trop longtemps, je me vois contraint de ralentir un peu la machine. De plus, il me faut un centre de soins assez proche d'ou je suis pour m'y rendre 2 a 3 fois par semaine. Aussi pour les quelques jours de vacances qu'il me reste (je dois rentrer le 11 aout sur Paris car tous les vols sont pleins ensuite jusqu'au 5 Septembre), je vais probablement me poser chez les amis rencontres a Toconao ou a Calama. Il n'y aura donc a priori point de Bolivie ni de Perou meme si mon vol retour part de Lima, a moins d'une subite amelioration de mon etat - bien improbable - ou d'un changement de date eventuel pour mon retour.

Ce blog arrive donc a sa fin, il demeurera la trace de quelques anecdotes croustillantes accumulees au fil du voyage, de rencontres inattendues ou insolites, il a ete le reflet de ma vision du voyage, une sorte de second carnet de route, le premier etant au format papier (un peu delaisse ces derniers temps je dois avouer). Je suis content de l'avoir mene a terme, meme si j'aurais souhaite une fin un peu plus heureuse a ce periple. Pero algunos dias me duele mucho ...

Je ne peux que vous encourager a en faire autant, je sais d'ailleurs que certain(e)s ont deja mis en route un projet identique. Sachez que si vous travaillez dans la meme entreprise (du moins dans le prive) depuis plus de 3 ans et si vous pouvez justifier de 6 ans d'activite professionnelle, vous pouvez pretendre a un tel conge sabbatique (entre 6 et 11 mois). Comme beaucoup de choses, il suffit de le vouloir. Sachez que dans des pays comme l'Inde ou le Viet Nam, on vit aisement avec entre 5 et 15 euros en poche par jour. Et puis la vie est courte, alors relevons le museau pour voir ce qui se passe au-dela de nos frontieres. S'il y a beaucoup de misere ou de pauvrete de par le Monde, cela n'empeche pas les personnes qui subissent cette situation d'avoir un coeur grand comme ca, et ils vous apprendront beaucoup de la vie, surement plus que TF1 dans ses moments de gloire (pecunierement parlant, j'entends, car pour le reste il n'y a pas grand chose a attendre). Sachez que l'on garde une sensation tres particuliere d'un tel periple, c'est d'appartenir a un Monde ouvert sans veritables frontieres (sauf quand on arrive a la douane australienne), un Monde ouvert avec des pays differents et autant de coutumes ou de symboles a savoir interpreter, de problemes internes a resoudre, aussi de cuisines differentes, elaborees ou non, et a chaque fois c'est une nouvelle decouverte. C'est tout simplement passionnant et particulierement enrichissant d'un point de vue humain. C'est aussi un Monde ou presque partout le fric a pris le dessus sur toute valeur morale, un Monde egalement ou Coca-Cola (entre autres boissons sucrees) et Mac Do (la m.... en boite cartonnee) sont en train de faire des ravages chez les gamins : J'ai en effet constate pas mal de cas d'obesite infantile dans de nombreuses villes du Monde.

Et puis ce fut bien evidemment un espace d'echange sympatique avec quelques-uns de mes amis ou connaissances, et aussi entre personnes qui ne se connaissent pas mais qui seront amenees a se rencontrer rapidement, je n'en doute pas. En tout cas tel est mon souhait.

Merci a vous d'avoir fait vivre ce blog, et puis merci a tous ces gens croises ces derniers 10 mois et qui m'ont tant apporte. Je ne doute pas que je garderai contact avec certains d'entre euxº.

Un dernier petit mot, Gerard m'a communique dernierement un lien vers un site sur lequel il a depose quelques photos de son cru. Je vous invite a y jeter un oeil, ses cliches font preuve d'un regard tres personnel et tres interessant sur les choses simples qui nous entourent. Pour ceux qui connaissent (pour la plupart des boulonnais), il y a une serie sur les serres d'Auteuil que je trouve fort sympatique. Un regard tres affute et un peu decalle sur cet endroit qui fut le lieu de mes promenades du jeudi avec ma grand-mere quand j'etais gamin. Souvenirs souvenirs ...

http://www.flickr.com/photos/gherm/

A bientot

Philippe, le 28 Juillet 2006 face a l'hotel "Mar Azul" de Arica, Chili